— Et si vous nous parliez plutôt de cette créature, le serpent ailé, ou le… enfin, quoi que ça puisse être, reprit Alderman d’un ton un peu trop conciliant pour être honnête. C’est quand même extrêmement curieux, cette histoire.
— Curieux ? Oui, on peut dire ça comme ça. Quoique venant de vous, excusez-moi…
Ils le fixèrent sans comprendre. Mais peu à peu, chacun semblait se faire à l’idée de voir le dernier se conduire de façon presque amicale – et s’ils ne saisissaient pas trop ce qui se passait, cette réunion commençait vaguement à ressembler à quelque chose de normalement courtois.
— Vous ne vous en rendez pas compte, mais le monde où vous vivez n’a aucun rapport avec celui que j’ai connu. Notre planète, mes enfants, est devenue très curieuse depuis quelques siècles.
Une ville. Manifestement observée depuis un mireplane, un œil volant. Mais bizarrement, il manquait l’affichage habituel des points cardinaux, comme de la latitude et longitude.
Elle paraissait très étendue, et plus curieux encore, si les bâtiments et les rues étaient bien visibles, ils s’enchevêtraient d’arbres et de végétation, de ponts de lianes et de jardins suspendus. De fines cascades plongeaient du haut des terrasses, des pontons couraient sur pilotis entre des façades de pierre blonde. Un incroyable labyrinthe de verdure, de coquettes cabanes perchées, de villas et d’édifices de tailles diverses, voire de monuments aux formes élégantes. Le tout, sillonné de passerelles et d’eau vive. On distinguait nettement de grands chênes, aux branches nues en cette période hivernale, mais il y avait également une quantité de plantes aux feuillages persistants. Cassidan se demanda quel paysage pouvait bien offrir cette étonnante cité, en début d’été, à la saison des fleurs. Ce devait être absolument magnifique.