Après le mur d'Hadrien, le monologue d'Adrien, « tombé dans une faille spatio-temporelle, bloqué à table avec (ses) parents, (sa) soeur et (son) futur beau-frère, pour l'éternité, à redire les mêmes phrases, à reproduire les mêmes gestes… ».
Adrien est là, sans l'être. Il ne dit rien de lui, à ce repas "huis-clos". Anti-héros insignifiant si l'on en croit les trois catégories qui divisent le monde, selon sa mère : « ceux qui ont un cancer, ceux qui font construire et ceux qui n'ont pas d'actualité particulière », écrasé par le « vide du présent » comme « le trop plein du passé », il égrène ses angoisses : le silence de Sonia, sa compagne, qui « fait une
pause » depuis plus d'un mois, l'absence de tics tacs dans sa boite à gants alors qu'il vient à 40 ans de fumer en cachette de ses parents,
le discours que son futur beau-frère lui a demandé, pour le mariage qui approche, un « geste messianique » impossible puisque sa soeur est comme une étrangère ou presque.
Si sa mère savait, elle lui dirait « tiens bois du jus d'orange ». Magie de l'humour décalé de Fabcaro. Même si l'exceptionnel «
Broadway » est encore plus drôle.
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