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Critique de YvonS


Formidable. Ce roman est formidable, original, bouleversant... Denis Faïck sait ce qu'écrire veut dire, il a un vrai style et il s'en sert tellement bien. J'ai a-do-ré !
Un roman sur la Résistance ? me direz-vous. Il y en a déjà eu tant. Oui, mais pas comme ça. La Résistance racontée de l'intérieur, de l'intérieur d'un résistant, devrais-je dire. On est dans leur tête... Ils ont peur, à chaque instant, mais ils résistent quand même, on comprend leurs appréhensions, on ressent leur douleur. Mais reprenons du début...
Un début choc. Prologue, 1942, l'Occupation, Eva est violée par 3 hommes dans une chambre miteuse, elle réussit à fuir. Récit froid par un narrateur et Eva elle-même. Puis on revient à notre époque. Eugène, un vieil homme, pour consoler son infirmière lui raconte la Résistance, la sienne et celle de ses amis. À partir de cet instant, on naviguera entre les années 30, l'Occupation, la Libération avec de brefs retours au présent. le présent, justement. le texte est presque entièrement au présent et à la première personne. Chaque intervenant raconte ce qu'il vit, ce qu'il ressent. Ça rend le texte tellement réel. Les scènes parfois horribles (torture racontée par celui qui est torturé, suicide ou exécution) sont racontées à la fois froidement et au niveau du ressenti de chaque personnage, entre espoir et angoisse, douleur et espoir. Certaines sont bouleversantes, on a le coeur serré voire les larmes aux yeux. Il y a deux frères que vous n'oublierez pas.
Eugène aime Eva, il le lui dira un jour, il se l'est promis. Eva aime Eugène, elle attend, elle sait, mais ce n'est pas le moment. de collabos infâmes en héros qui ne savent pas qu'ils le sont, de suicides de résistants en exécutions vengeresses, de bourreau sadique en héroïnes inoubliables (si si, vous verrez, certaines ne peuvent être oubliées), Denis Faïck balaie tout l'éventail des personnages et des situations. C'est brillant, formidablement écrit. La ponctuation fluctue, parfois absente pour montrer l'enchaînement des pensées ou la rapidité des faits, le style est parfois quasi parlé. Et puis, ce génial chapitre "Un inconnu, 1944"... et puis la Libération, les femmes tondues... et puis les exécutions sommaires, les "additions à régler" mais aussi le pardon, le souvenir de ceux qui n'ont pas survécu.
Tout cela dans de courts chapitres qui permettent de respirer, comme des flashs, des souvenirs qui remontent en désordre avec des lacunes.
Tout cela donne un roman différent. Denis Faïck a un ton, une voix, une manière de raconter bien à lui. On est loin de la cruelle et glauque saga Sadorski côté collabos de Romain Slocombe, on penserait plutôt à L'armée des ombres.
Tout cela donne un roman indispensable qui nous fait vivre ce que veut dire résister au quotidien pour chaque homme et chaque femme qui savent que le suicide peut être la seule solution, que résister c'est aussi mettre en danger ses proches... n'ayez crainte, je n'ai pas tout dit, il vous reste beaucoup à découvrir dans ce roman, somme toute assez court pour un tel sujet.
Eugène et Eva, un amour indicible, dans le vrai sens du mot mais aussi au-delà.
Ce livre est une pépite, ne passez pas à côté !
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