Les enquêtes de Mary Lester, tome 5 : Le manoir écarlate

Foutu salaud, pouvait pas aller se noyer ailleurs ? C’est pourtant point les endroits qui manquent ! Même crevé, faut que ça fasse chier l'monde !

— On dirait que vous lui en voulez encore !
— Mais non… Cependant ce n’est plus désormais une enquête pour nous. Mon patron va arriver d’un moment à l’autre et je ne serais pas surpris que le S.R.P.J. de Rennes prenne désormais les choses en main.
— Hé là, dit Mary, qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
L’expérience, mademoiselle, l’expérience… Qu’un modeste conférencier comme Toullec se fasse trouer la peau, tout le monde s’en fout. Pour mener l’enquête un brave con de gendarme – passez-moi l’expression – et un jeune lieutenant de police suffisent bien. Mais maintenant qu’une personnalité de premier plan s’affiche au tableau de chasse, maintenant qu’on en parle aux 20 heures à la télé nationale, changement de programme ! Vous allez voir les gros bras débarquer. Nous étions bons, nous deux, à nous faire ridiculiser par ce fumiste de Leamond de La Rivière…
Mary lui fit les gros yeux :
— Merrien, un peu de déférence pour les morts !
— Déférence mon… il marmonna le dernier mot jusqu’à le rendre inintelligible mais Mary crut reconnaître une expression chère à Zazie. Décidément, l’adjudant-chef avait la rancune tenace !

— Vous avez bien failli me faire mourir de rire. Savez-vous qu’il n’y a rien de plus contagieux qu’un fou rire ?
— Excusez-moi, monsieur le président, dit-elle, je n’ai vraiment pas pu me retenir. Voir tout ensemble le cadavre se redresser et la tête que faisait le maire… Non, rien n’aurait pu m’empêcher d’éclater.
À votre âge j’en aurais fait tout autant, dit-il avec indulgence. Mais vingt-cinq ans de vie parlementaire sont la meilleure école pour apprendre à masquer ses sentiments. À part ça, où en êtes-vous de votre enquête ?