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Critique de Charybde2


Une enquête de trop pour Mary Lester ? Une terrible déception.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/07/29/note-de-lecture-le-chateau-des-ames-perdues-mary-lester-61-62-jean-failler/

Pour savoir tout le bien que je pense des enquêtes de Mary Lester racontées depuis 1992 par Jean Failler, je renverrai la lectrice ou le lecteur de ce blog aux notes concernant, par exemple, « le visiteur du vendredi » (39), « La croix des veuves » (40-41) ou « En secret à Belle-Île » (58). Pour savoir ce que j'en pense de temps à autre de moins bien, on pourra lire celles sur « Villa des Quatre-Vents » (37-38), « État de siège pour Mary Lester » (42-43) ou « L'ange déchu de Brocéliande » (59-60), à titre d'illustration. Précisons juste que les spoilers concernant les enquêtes proprement dites sont en général absents de ces chroniques.

N'ayant jamais raté un épisode des investigations de la policière ô combien atypique depuis ses débuts dans « Les bruines de Lanester » (même si j'ai pu parfois consentir un certain retard à la lecture), j'ai apprécié au fil des années toutes les incursions géographiques et sociales, soutenues par un beau sens du paysage, conduites par l'auteur en Bretagne, et dans le Grand Ouest (au sens du quotidien français au plus fort tirage), sa guerre permanente contre les notables de tout poil et leurs mauvaises habitudes, son sens du détail signifiant même au coeur du pire décor touristique imaginé par des édiles en mal de reconnaissance électorale. J'ai beaucoup moins apprécié, tout au long de la saga, son conservatisme foncier et son rejet avec force caricatures de tout (ou presque) ce qui pourrait sembler sociétalement progressiste (avec de rares et heureuses exceptions, dûment signalées dans les notes de lecture correspondantes). La tonalité volontiers bougonne (voire ronchonnante) de la narration (en dehors des épisodes les plus joyeusement primesautiers amenés par l'humeur du moment de son héroïne), comme le caractère trop souvent répétitif des interactions au sein du microcosme quimpérois qui entoure Mary Lester au quotidien, sont des données, qui sont agréables ou désagréables selon la propre humeur de la lectrice ou du lecteur, mais qui me semblent faire partie des marqueurs de la série (comme dans toute série policière au (vraiment) long cours, à l'exception notable, peut-être, de celle concernant le Harry Hole de Jo Nesbø, il y a un moment où la présence de ces pantoufles confortables est plus ou moins inévitable).

Publié en 2023 aux éditions du Palémon, comme à l'accoutumée, « le château des âmes perdues », en deux volumes, marque néanmoins un véritable point bas, que j'espère de tout coeur n'être pas irréversible. Si le deuxième volume (« Pontrieux ») sauve (un peu) les meubles, le premier (« Tréguier ») nous inflige dès ses soixante premières pages un invraisemblable pensum, sous forme de longs « faux » dialogues aux allures de conférences sur l'air du temps et tout ce qui va mal dans le pays, ratiocinations invraisemblables dans lesquelles les personnages, que ce soit Mary (redevenant capitaine au lieu de commandant au hasard de l'inattention de l'auteur) ou son commissaire préféré, voire un pauvre maire de bourgade des Côtes-d'Armor (département que le capitaine Fortin, désormais, ne connaît plus, au mépris de toute vraisemblance et pour un effet vaguement comique et fort douteux), se retrouvent très vite « out of character », comme disent nos amis anglophones. Cette dérive presque insensée semble hélas s'ancrer au fil du texte. Fatigue de l'auteur, inattention coupable, perte d'envie de conduire des approches nuancées et (mais oui !) inventives vis-à-vis de ses personnages ? On ne sait pas, mais en tout cas, si le prochain volume de la saga ne sort pas vivement de cette ornière-là, je crains, après trente ans de fidélité au personnage, de devoir laisser tomber.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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