Il n'y a jamais eu de scandale, coupa Mrs Cool. Il y avait un tas de machines à sous qui fonctionnaient en fraude dans les endroits où elles pouvaient rapporter le plus, et, naturellement, la police percevait quelque chose là-dessus. Morgan a payé comme il le devait et la chambre d'accusation ne l'a pas poursuivi ; de toute façon, elle n'aurait pas eu suffisamment de preuves pour le faire. Mais elle l'a cité comme témoin et Morgan ne s'est pas présenté. On essaie de le retrouver et il y a une sorte de mandat d'arrêt lancé contre lui. C'est tout.
La vie amoureuse des microbes. Jusqu'ici, les savants n'ont considéré la propagation des microbes qu'en fonction de leurs effets sur les cobayes. Personne n'a jamais envisagé la question du point de vue du microbe lui-même. Bien sûr, si je me réfère à la vie amoureuse d'un microbe, vous allez sans doute la juger d'après votre propre...
_ Je n'ai pas... coupa-t-elle.
_ … Optique de la vie, continuai-je sans prêter attention à son interruption. Je vous dirai qu'étant donné une certaine température, et une bonne quantité de nourriture, les microbes deviennent on ne peut plus ardents.
Ne vous effrayez pas si je jure, continua Mrs Cool. J'adore prendre mes aises, dans mes vêtements comme dans mon langage ; j'aime le confort. La nature a décidé de me doter d'un certain embonpoint, et j'ai pourtant gâché dix fichues années de ma vie à manger des salades, boire du lait et grignoter des biscottes. J'ai porté des corsets qui m'étranglaient la taille, des soutiens-gorge qui me faisaient suffoquer et je passais la moitié de mon temps sur la balance. Et pourquoi toutes ces singeries ? Simplement pour trouver un mari.
Ecoutez-moi bien, dit Mrs Cool en soupirant. Pour l'amour du ciel, n'allez pas épouser un homme avec l'idée de le placer sur un piédestal, et vous à quatre pattes pour faire la chasse au moindre grain de poussière. Un beau jour, pendant ce temps-là, une jolie poupée aux yeux bleus reluquera votre mari et vous découvrirez alors ce que vous êtes devenue par votre faute : une pauvre cireuse de parquets aux mains abimées et aux genoux calleux. Je sais, vous vous dîtes que votre mari ne sera pas comme ça ; seulement, ils sont tous pareils !
Eh bien, j'étais détective et je travaillais dans une agence, l'Agence Cool. Morgan Birks avait une femme, Sandra, qui vivait avec une amie, Alma Hunter – une fille du tonnerre. Mon boulot consistait à remettre une assignation en divorce à Morgan Birks quand je me suis aperçu que quelqu'un avait essayé d'étrangler Alma Hunter. Elle me raconta qu'elle s'était réveillée dans la nuit, juste à temps pour repousser d'un coup de pied un type juché sur elle. Elle avait une frousse terrible. C'était une fille sensationnelle et je commençais à en être amoureux ; j'aurais été au bout du monde pour elle. Aussi, je ne voulais pas qu'elle reste dans cet appartement et je suis arrivé à la persuader de me cacher dans le placard de sa chambre la nuit suivante avant que Sandra ne rentre.