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Critique de migdal


Il est parfois complexe de savoir à quelle sainte se vouer quant on évoque Marie-Madeleine.

Dans les quatre évangiles, trois femmes sont mentionnées dans des circonstances différentes :
- La pècheresse pardonnée, dont parle saint Luc dans le chapitre 7,
- Marie de Béthanie, soeur de Marthe et de Lazare,
- Marie de Magdala

La tradition orientale a toujours maintenu la distinction des trois, mais la tradition occidentale à partir de Grégoire le Grand (VIème siècle) a reconnu une seule femme dans ces trois figures, Marie-Madeleine. (http://www.saintebaume.org)

L'Église catholique a respecté cette tradition durant des siècles (lire le remarquable « Marie Madeleine » publié en 1952 par le Père Brukberger) et dès le XIII siècle, Saint Thomas d'Aquin proclamait Marie-Madeleine « apostolorum apostola » (apôtre des apôtres).

En 1969, le Pape Paul VI a décidé de distinguer Marie-Madeleine (Marie de Magdala, fêtée le 22 juillet) et Marie de Béthanie (fêtée le 29 juillet avec Marthe et Lazare). le texte liturgique pour la fête de Marie-Madeleine n'est plus la pécheresse pardonnée mais l'apparition du Ressuscité à Marie de Magdala.

Depuis le 3 juin 2016, selon le désir du Pape François, la célébration de Sainte Marie Madeleine est élevée dans le Calendrier Romain Général au rang de fête.

Marie de Béthanie, Marthe et Lazare ont évangélisé la Provence dès le premier siècle comme le rappelle Olivier Joachim dans son très synthétique « Marthe de Béthanie : le pouvoir de l'amour ».

Marie de Magdala, courageuse et fidèle était au pied de la croix et fut la première à voir le Ressuscité le jour de Pâques.

J'ai toujours été séduit par Marie-Madeleine et depuis cinquante ans j'ai beaucoup lu à son sujet, y compris le sulfureux mais addictif Da Vinci Code et je me suis donc précipité sur l'ouvrage de Christina Fallaras affiché comme « travail de recherche remarquable ».

Le roman débute à Ephèse, où Marie Madeleine achève ses jours et ses mémoires la décrivant comme une femme d'affaires prospère gérant un groupe alimentaire hérité de son père, assassiné par les zélotes, et finançant un dispensaire où un groupe de médecins (femmes) soigne gratuitement la population nécessiteuse de la région Capharnaüm-Magdala-Tibériade, sur les berges du lac de Génézareth.

Au fil des pages le lecteur découvre Hérode Antipas, Hérodiade, Jean le Baptiste puis les premiers apôtres (anciens employés de l'entreprise) et notamment les descendants de Marie Jacobé, cousins de Jésus, le « nazaréen ».

Progressivement la romancière dévoile ses batteries et gomme les miracles en imaginant que la multiplication des pains résulte de la générosité de Marie-Madeleine livrant gratuitement les milliers de pèlerins suivant le nazaréen. Puis elle efface les guérisons en les attribuant simplement au dévouement et au talent de l'équipe médicale dont elle est la mécène en Galilée.

Ignorant que l'araméen, l'hébreu et le grec ont plusieurs mots pour désigner le mot amour, l'auteur confond éros, philae et agapé (amour sexuel, amour domestique et amour charitable) et imagine une relation amoureuse entre Marie Madeleine et le nazaréen.

L'intrigue se poursuit en Judée, à Jérusalem et dans sa banlieue, Béthanie, où est localisée la seconde résidence de Marie Madeleine, dans laquelle se déroule la Cène, avant la crucifixion au Golgotha.

Niant la mort et la résurrection du nazaréen, ce roman provocateur, prêche le contraire des évangiles canoniques et ôte tout intérêt, si je puis dire, à la religion chrétienne. Il rappelle le « Marie » de Marek Halter qui imagine un évangile de Marie tout aussi improbable.

Par ailleurs Marie Madeleine tient des propos féroces sur les apôtres qualifiés de lâches, ignorants, nuisibles, etc. et méprise le vulgaire peuple avec une tonalité hautaine qui la rend rapidement antipathique… Peut-on être féministe et misanthrope ?

En conclusion, un roman décevant, invraisemblable, une traduction bâclée qui par moment fait craindre une traduction automatique, et surtout où sont les fruits du travail de recherche ? Où sont les notes ? Où est la bibliographie ?

Reposant sur le vide, ce pamphlet anti chrétien est à oublier et incite à relire l'étude du dominicain Bruckberger qui ajoute plus de soixante quinze pages de notes à une étude de cent quatre vingt pages et rappelle l'espérance chrétienne « Je vous le dis en vérité, les publicains et les courtisanes vous devanceront dans le royaume de Dieu. » (Matthieu 21:31)

PS : mon regard sur Marthe de Béthanie : le pouvoir de l'amour
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