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Critique de Ys


Ys
02 juillet 2017
C'est de ces histoires qui mêlent inextricablement la plus flagrante absurdité au plus formidable panache. Deux hommes qui vingt années durant s'affrontent en duel, à chaque rencontre, pour un obscur point d'honneur qu'aucune passe d'armes ne parvient jamais à démêler. Deux hussards de la Grande Armée qui se ressemblent par le courage, la loyauté et l'endurance, qui vivront ensemble des moments appelant à la plus authentique fraternité mais que tout le reste oppose, le caractère, le tempérament, la naissance.
Gabriel Féraud est un fils du peuple et du Sud, une grande gueule à l'audace tonitruante qui aime les femmes et la bouteille, son Empereur par-dessus tout, plus susceptible qu'un volcan. Armand d'Hubert est un ancien aristocrate du Nord, discipliné et froid, tout de contrôle et de bonnes manières. Lui-même ne comprendra jamais très bien comment l'autre l'a entraîné là, dans cet affrontement aussi strictement prohibé par les lois militaires que par celles de la plus élémentaire raison, auquel il ne saurait pourtant se soustraire et qui finit par faire des deux hommes une légende dans toute l'armée, et au-delà.

C'est par le film de Ridley Scott, Les Duellistes, que j'avais découvert cette histoire, il y a quelques années. Non sans enthousiasme : le sujet est de ceux qui me passionnent et il répond à merveille à ma fascination pour l'époque, pour la déraisonnable grandeur de l'épopée napoléonienne. J'avais pourtant gardé de Féraud le souvenir d'un grand cinglé un peu creux, pas très intéressant, face à un D Hubert plus subtil, attirant bien mieux l'empathie du spectateur.
La BD, pour le coup, rétablit l'équilibre entre les deux hommes, jouant de leurs similitudes pour mieux exacerber leurs différences... ou peut-être plutôt de leur dualité pour laisser entendre ce qui au fond les rapproche. La rivalité, le conflit, la haine, ne peuvent-ils être un lien aussi puissant, aussi intime, que l'amour ou l'amitié ? Aucun des deux n'est franchement sympathique, au premier abord, mais aussi exaspérant soit l'un, aussi compassé soit l'autre, ils finissent tous deux, chacun à sa manière, par s'attacher l'estime et l'affection du lecteur. Tous deux, surtout, ne sont jamais aussi attachants qu'en vieux soldats désarmés, repoussés à chaque extrême social par la Restauration mais trébuchant aussi maladroitement l'un que l'autre dans une vie civile à laquelle ils sont si mal adaptés.

N'ayant pas lu (pas encore !) la nouvelle de Conrad, je ne peux guère juger de la qualité de l'adaptation, mais c'est en tout cas une excellente BD, à la fois subtile et pleine de verve, servie par un dessin dynamique et souvent savoureux.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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