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Critique de TiteLisette


D'abord, un titre qui sonne comme un oxymore : Impasse Verlaine, le piège et le champ des possibles, le mur et la liberté. Et la poésie, qui délivre de tout.
Ensuite, le déroulé des vies. Celle de la mère, celle de la fille, étroitement imbriquées, toutes deux soumises à l'impasse, toutes deux tendues vers la liberté.
Pour la mère, Vendredi, belle et farouche, l'impasse, c'est sa condition de femme. La voilà mariée, déplacée loin de ses montagnes berbères, enceinte sans l'avoir voulu et sans l'accepter. Son corps même devient une prison dont elle n'aura de cesse de vouloir s'échapper jusqu'à la libération suprême : l'hystérectomie qui l'arrache enfin à sa condition de femme, de mère, d'objet.
Pour la fille, la narratrice, l'impasse, c'est sa mère. Sa mère dont elle guette le moindre geste de tendresse, patiemment, douloureusement, indéfiniment. A chaque espoir, chaque petite envolée, la brutalité de sa mère la ramène à sa condition misérable. Très vite, elle perçoit que son salut viendra des mots, de la littérature et de la poésie. L'écriture la rend visible aux yeux de sa mère, lui donne une existence et la mène à la libération suprême : s'affranchir de l'impasse pour aller étudier et vivre enfin.
J'ai beaucoup aimé ce livre, cette intense histoire de filiation, d'attraction et de rejet, d'émancipation et de soumission. Certaines scènes sont d'une violence dévastatrice et leur répétition est éprouvante. Mais l'auteure parvient à recouvrir du voile de la poésie les lignes les plus douloureuses... Un beau premier roman, intense et percutant, sur un sujet universel : le lien de filiation, ou comment s'en affranchir sans se perdre tout à fait.
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