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Critique de tamara29


« le diable en personne » est un bon polar comme je les aime. Tous les ingrédients étaient réunis pour réussir à me faire entrer dans le roman et tourner les pages avec avidité jusqu'à la fin : une histoire assez noire, saupoudrée de quelques notes d'humour peut-être toutes aussi noires, des personnages assez complexes et intéressants, à la description plutôt bien fouillée, une intrigue qui tient en haleine mixée à quelques grammes d'émotion.
Géorgie du Sud… Maya, dix-huit ans, réussit à s'échapper alors que deux hommes tentent de la tuer. Elle est sauvée et recueillie par un vieil homme solitaire Léonard Moye, qui va la prendre sous son aile et la protéger. Dès la première page, on apprend que la jeune femme est une prostituée dont le proxénète a cherché à la supprimer parce qu'elle connait un secret.
Résumé comme ça, on pourrait se dire « ouais, bof, merci bien, mais non. », c'est du déjà vu, pas de quoi s'emballer et se précipiter dans la 1ère librairie venue, toute affaire cessante, surtout en ce moment*. J'avoue que moi-même j'avais hésité à l'emprunter avec cette 4ème de couverture. Sans parler de la 1ère de couv' qui n'a guère aidé à me rassurer sur la qualité du roman. Finalement, je me suis laissé tenter par le fait que ce soit une édition Gallmeister et je n'ai pas été déçue.
Alors je recommence, plouf, plouf… Oubliez mon résumé mal dégrossi de l'histoire et pensez simplement que l'auteur Peter Farris, par son écriture acérée et psychologique, arrive à créer une atmosphère sombre, angoissante parfois, qui s'accorde bien à l'ambiance des bourgades rurales des Etats-Unis du Sud. Alcool de contrebande, sexe, politique, violence, amitié et haine. le programme est sympa pour quelques jours… de lecture tout du moins… et encore, je n'ai pas parlé des terres du vieux Moye, au milieu de nulle part, dans la forêt, avec les petites bébêtes qui vont avec, agrémentées de quelques épouvantails pour éloigner les curieux ni de son mannequin dans sa cuisine assis dans un fauteuil habillé à la mode de son cru et qu'il prend pour sa femme.
En plus des rebondissements et les moments plus musclés, c'est l'apprivoisement entre Maya et Léonard, deux êtres un peu perdus, solitaires, qui fait le petit plus de ce roman noir. Et si on nous a déjà raconté l'histoire du vieil homme revêche et grincheux, misanthrope, qui finit par s'adoucir et montrer la douceur qui est en lui (un peu du genre Gabin ou Galabru mais au physique plutôt grand et maigre), et même si les méchants sont de foutus méchants, et bien, ça coule quand même comme une bonne rasade de whisky un soir d'hiver.
Le style de Farris est assez plaisant. Il sonde l'âme humaine, les travers, les perversions, les difficultés relationnelles. Et il laisse aussi entrevoir quelques moments de beauté et de bonté. Quelques percées du soleil parmi les nuages, ça fait du bien. Les épouvantails auraient beau ricaner, ça donne quand même un peu de sourires dans ce monde de brutes…
Un bon polar qui vaut le détour, pas forcément jusqu'en Géorgie du Sud, mais au moins, plus sûrement, dès que possible, jusqu'à une librairie ou bibliothèque pour découvrir cet écrivain*.

*Les habitudes -même langagières- ont la vie dure : en ce moment, inutile de se précipiter dans la première librairie venue. le plaisir s'en trouvera forcément décuplé, une fois la bise revenue.
Et si je puis me le permettre, si vraiment l'envie vous démange d'acquérir un livre, passez commande par internet via une librairie indépendante plutôt que le mastodonte sans foi ni loi, le godzilla bouffeur des indépendants et petits artisans.
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