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Critique de Allantvers


Merci aux nombreux babeliautes qui dans leurs billets ont alerté sur la difficulté d'approche de cette oeuvre, ils m'ont aidé à me préparer au lâcher prise.
Merci à Maurice Roger Coindreau, émérite et talentueux traducteur des grands auteurs américains des années 30, d'avoir dans sa préface fait le choix de révéler l'intrigue in extenso, remis tous ses éléments dans l'ordre tout en alertant les lecteurs sur le risque de passer à côté de l'oeuvre en cas d'approche trop rationnelle. Paradoxe étonnant d'un spoil total qui en dit juste assez pour que tout reste encore à découvrir...

Armée de ces précieuses recommandations, j'ai enfin pu aborder ce texte longtemps craint et vivre une expérience de lecture inoubliable,car on ne lit pas tant ce bruit et cette fureur avec les yeux qu'avec la peau, les nerfs, l'oreille et le nez, tous ces sens révélant la réalité d'une famille d'une certaine Amérique dans sa vérité la plus nue, qui la bave aux lèvres, qui la larme à l'oeil, qui la rage au-dedans, le goulot à la bouche ou le feu aux fesses, décadents et damnés sous le soleil morne d'un Sud en décrépitude, sous le regard de leurs servants noirs qui pour rien au monde ne voudraient leur ressembler.
Totalement emmenée dans la première partie, la plus indéchiffrable par la raison mais la plus sensitive à travers les pensées fugaces et versatiles de Benjy le simple d'esprit, j'ai failli renoncer dans la deuxième, tant le long monologue de Quentin le frère suicidaire est morbide et malsain. Passé ce cap pourtant la lecture devient plus fluide et remet en place les repères, et je n'ai plus pu lâcher le livre, fascinée par la rage sourde et la méchanceté sans rémission de l'oncle Jason, éternel frustré de la famille, par la déliquescence de cette famille qui se révèle notamment à travers l'astre noir du personnage de Quentin, double de sa mère Caddie. Eblouie enfin par contraste par la lumineuse Dilsey, la vieille servante belle dans son humanité jusque dans ses vieux os, écrasant de sa lumière la famille maudite de planteurs ruinés.
Ce livre est une merveille qui m'a donné à sentir comme jamais l'Amérique, et entrer enfin dans l'univers de Faulkner.
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