"Un paysage n'est qu'un homme ou une femme. Qu'est-ce que le Vaucluse sans
Pétrarque, Sorrente sans
Le Tasse, Annecy sans
Jean-Jacques Rousseau ?"
La nature est souvent impuissante à séduire complètement nos coeurs.
Un besoin impérieux nous incline à chercher l'homme parmi les choses.
Porté par ce postulat, l'écrivain
Gabriel Faure, l'homonyme du célèbre musicien, nous offre, en 1925, avec "
Âmes et décors romanesques" une série de promenades champêtres entremêlées de littérature.
Cet ouvrage est le troisième de la série.
Il fait suite à "paysages littéraire" et à "mes pèlerinages passionnés".
Il faut se laisser porter, par la langue de l'auteur, à Rochefort près de Loti, à Tournon chez Mallarmé. Il faut relire doucement
Virgile qui aimait les eaux vives et le repos sous un arbre. Il faut prendre le temps de découvrir la Provence de Mme de
Sévigné, de se lancer, sans aucune hâte ni certitude à la recherche de l'occitanienne
De Chateaubriand.
Dans ce livre tout est poésie.
Il n'y est question que de vieilles lettres et de paysages.
Mais le plus bel instant de l'ouvrage est cette visite aux jardins italiens, de Rome ou de Lombardie.
"Nulle part, mieux que sur ces terrasses de Tivoli, un jeune écrivain ne peut rêver, méditer, composer.
Presque tous ses aînés y vinrent s'exalter, surtout depuis que
Chateaubriand révéla la grandeur et la poésie de la campagne romaine..."
"
Âmes et décors romanesques" est une parenthèse, fine et agréable.
Elle est faite d'un authentique style élégamment vieillot.
Gabriel Faure nous offre un ouvrage à savourer, sous le poirier du jardin, entre thé vert et sieste au soleil.