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Critique de clairemarquez75


Le premier souffle est-il déterminant pour les aspirations d'air suivantes, violentes ou semblables à un léger soupir ? le premier regard determine-t-il celui que nous aurons sur nous-mêmes ? Et le fait de voir ces aspirations et d'échanger ces regards nous aidera-t-il à prendre des engagements humains ?
Que l'on croit ou non au destin, il faut lui reconnaître une chose : le parcours dessiné d'une main malhabile persiste et signe souvent sa revendication de plier vers le bas. Alors, partant d'une étoile affligée d'une gueule cassée, le sort pourrait s'abstenir d'y enfoncer les poings.
On parle d'enfants, on parle d'amour raté, on parle de système défaillant. On parle de pansement qui brûle et de lotion qui tâche. On parle de l'Aide sociale à l'enfance, ce Radeau de la Méduse.
A la fin des années 1990, alors que deux petits morceaux de chair tremblante en tous point identiques sont déposés par une mère adolescente sur le parvis d'une église, la gentille fée est en vacances. Les romans qui donnent leur part au toucher de l'ange sur la commissure des lèvres, passez votre chemin. Parce que ces deux âmes sont destinées à l'adoption. Et comme on parque les petits chiots dans des refuges, proposant les déambulations entre les boxes et les choix aux plus offrants, Raphaël et Antoine n'auront que leurs mains potelées et leur regard encore trouble pour séduire des acquéreurs en mal d'amour. Et puis c'est la Grande roue qui décide de la suite des histoires, puzzle construit en marchant, assemblé en tombant. Antoine, dit Tony, connaîtra les cascades multiples d'un parcours semé d'aller-retour. Mais qu'en est-il de son frère ? Il se pourrait bien que ce que l'on envie doive faire pitié.
"Ce qu'il faut parfois supprimer en soi pour continuer à vivre", écrit Heptanes Fraxion, poète noir des temps modernes. Cela résume si bien cette histoire !
Et pourtant, il ne faudrait pas oublier la force déployée dans ce roman, les rebondissements terribles poussés par cette Reine du polar qu'est Claire Favan. Je la découvre avec délice, un délice amer, avec cette histoire qui nous rappelle que nous naissons avec le coeur dans une cage, dont les barreaux ne s'écartent qu'imperceptiblement.
Je suis une part de la cage, je suis un soixante-millionième responsable de ce qui arrive à ces enfants, et si le thème est prétexte à écrire un polar, il est suffisamment puissant pour que vous sentiez aussi votre propre part dans ce jeu.
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