À quinze ans, il s’est dit que le temps était venu pour lui de sauter dans la vraie vie. De toute façon, ses parents ont besoin de l’argent qu’il rapporte à la maison.
Être capable de mettre des mots sur une souffrance, c’est déjà en atténuer la douleur. C’est déjà commencer à se reconstruire.
On était tous des Canadiens français, à part quelques Italiens. Pis tout se faisait en anglais ! C’est pas normal de passer sa vie en anglais pour un salaire de misère. C’était rendu que même la nuit je rêvais en anglais. À la fin, je faisais des cauchemars où j’arrivais plus à trouver mes mots. Il y avait que des bredouillements qui sortaient de ma bouche, un mélange d’anglais et de français.
La mi-octobre, c’est la saison de l’entre-deux, pas vraiment chaude, mais pas très froide non plus. Il n’est pas encore question de sortir les tuques et les mitaines, mais on gèle quand même.
Tant qu’une langue évolue par elle-même, c’est fantastique ; quand elle évolue par une autre, elle devient une langue passive. Elle devient le calque de l’autre.
Réussir à faire de l’argent, ce n’est pas si difficile, mais vouloir changer la vie, c’est une autre affaire.
Je préfère vivre pauvre, mais dans ma langue.
On ne tue pas pour une cause, quelle qu’elle soit, tant qu’on est libre de la faire avancer démocratiquement.
La violence apporte rien, que du malheur.
Depuis deux jours, le garçon a l’impression de s’enfoncer trop rapidement dans la vie d’adulte. Son enfance est en train de s’évanouir, et il ne sait plus trop où il en est.