AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Acerola13


Gaël Faye, plus connu pour sa carrière musicale, s'est lancé dans l'écriture de Petit pays, court roman qui décrit le conflit des Grands Lacs à travers les yeux d'un jeune garçon, Gabriel.

Ce dernier, métis d'un père français et d'une mère rwandaise, semble avoir oublié que le Burundi, dans lequel il vit depuis de nombreuses années, n'est pas son pays : les évènements suite à l'attentat du 6 avril 1994 et l'assassinat de Juvénal Habyarimana et de Cyprien Ntaryamira s'efforceront de le lui rappeler.

Le récit, écrit à la première personne, raconte la douce enfance de Gabriel : les copains, sa correspondante dont il est amoureux, ses ennemis, les vols de mangue et les récits abracadabrants des jumeaux, son premier vélo. Si ses préoccupations sont toutes enfantines, Gabriel observe passivement les paradoxes de la société dans laquelle il évolue : le racisme assumé de son père et de son ami Jacques, les différends non élucidés entre domestiques et employés, ou encore le Rwanda omniprésent dans l'esprit de sa mère, qui ne parvient à considérer le Burundi comme une terre d'accueil.

Et soudain, tout s'accélère : les élections, le morceau de musique classique annonçant le coup d'État, la peur, les échos des crimes horribles dans le Rwanda voisin, les tensions ethniques exacerbées et surtout la tentation de la violence, de la vengeance, les rêves de jeunesse et de gloire, la haine comme substitut. Gabriel tente d'y résister et de protéger sa petite soeur des récits de leur mère, incapable de garder pour elle les images du génocide et des morts, et qui tente d'écraser ses enfants de la culpabilité du survivant. La seule porte de sortie : l'expatriation, uniquement permise par leur double-nationalité.

Sous les dessous d'un roman d'initiation gai et joyeux percent magistralement les questions de génocide, de haine, de vengeance, d'instrumentalisation politique de la jeunesse désoeuvrée, l'identification rassurante à un groupe, le naufrage des parents incapables de préserver leur couple, le recours à la violence et la sensation d'abîme des survivants face au nombre incalculables de morts...Et enfin, celle de l'expatriation et des souvenirs diffus. Un récit poignant et une très belle découverte !
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}