AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de eterlutisse


"L'année suspendue" est organisé en quatre grandes parties qui m'ont inégalement intéressées et quelques courts chapitres qui forment une sorte d'épilogue à cette "aventure".
J'ai le même profile autistique que Mélanie Fazi aussi cette lecture résonne de façon assez particulière en moi. le début m'a captivée : ça a réamorcé l'anamnèse chez la lectrice que je suis. Je me retrouve dans les questionnements -même si les solutions et les raisons que j'ai trouvées à mes "inadaptations sociales" étaient souvent différentes, que leurs conséquences divergeaient elles aussi et que ce n'est ni la lumière ni le bruit qui me dérangent. Il y a tant de manières de vivre avec cette particularité neurologique !-
C'est une lecture qui peut beaucoup aider lorsqu'on est dans l'attente d'une prise en charge. Elle permet de se poser les bonnes questions, de mettre en lien les élements pertinents qui convergent pour établir un futur diagnostic. Je me suis rendue compte que je n'avais pas évoqué une foultitude d'éléments lors de mon entretien.
Ensuite, l'auteure évoque l'attente. Ce moment m'a moins intéressée car je ne m'y suis pas projetée ; pendant mes 2 ans et demi d'attente, j'ai eu la chance de fréquenter un cercle de parole pour les femmes neuroatypiques. Je m'y suis faite des amies -pour la première fois de ma vie- : ça a été, grâce à elles, une période plutôt épanouissante même si parfois, moi aussi, le syndrome de l'imposteur me soufflait insidieusement que je n'avais pas ma place parmi elles.
Lorsque le témoignage porte sur le parcours médical qu'on emprunte pour être diagnostiqué et les mauvaises rencontres qu'on peut y faire, j'ai pu constater malheureusement qu'il n'y a pas qu'à Marseille que des psychologues abîment les patients qui s'adresse à eux... Les quiproquos avec les soignants ont été nombreux dans ma vie mais les plus choquants pour moi sont aussi arrivés avec des psychologues qui m'ont attribué des diagnostics arbitraires et insultants ou culpabilisants.
Les tests qu'on passe quand enfin on a le sésame "rendez-vous avec de vrais professionnels" sont fidèlement retranscrits ; encore une aide précieuse pour les personnes qui aimeraient savoir à quoi s'attendre lors des tests de QI ou d'habilité sociale.
Vers la fin de l'ouvrage, Mélanie Fazi s'interroge sur la validité des conclusions établies par les spécialistes. J'ai lu un mémoire écrit par la psychiatre qui m'a diagnostiquée, il rapportait que seulement 30% des demandes de diagnostic effectués dans sa structure aboutissaient à un diagnostic d'autisme. À la lecture de ce chiffre, j'imagine qu'on peut légitimement penser qu'ils n'accordent pas ce diagnostic à la légère ou pour satisfaire à la demande.
En fin d'ouvrage, est évoqué la période du confinement et la façon particulière dont l'autrice l'a vécue en raison de ses spécificités autistiques. Aux informations, on parlait souvent des autistes qui vivaient mal le confinement. Cependant, quand mon entourage trépignait, enfermé entre quatre murs, j'étais comme un poisson dans l'eau : pas obligée de sortir, pouvoir contempler les insectes et les plantes à moins de 20m de mon immeuble pendant des heures sans que cela paraisse étrange puisqu'il n'y avait rien d'autre à faire... Bien contente tout de même d'avoir pu retourner dans les musées et revoir mes amies une fois cette période passée !
Une lecture passionnante et introspective pour moi et une approche de ce que peut être l'autisme vécu de l'intérieur pour les personnes neurotypiques.




Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}