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Critique de mumuboc


Et bien, je tiens à préciser tout de suite que je ne suis pas une lectrice de polar, ni de thriller mais là je me suis fait avoir dès les premières lignes. L'auteur nous plonge tout de suite dans l'enfer et on part pour 732 pages où rien ne nous est épargné mais avec une démarche narrative maîtrisée, construite, fluide, mais fouillée dans les comportements et caractères des protagonistes. Dès le premier chapitre on part dans ce road-movie de tensions et sanglant. Mais bien au-delà de la violence il nous emmène dans l'Amérique profonde, dans une famille sans histoire, en apparence, mais qui va révéler beaucoup de secrets, de non-dits, pour se protéger peut-être, par amnésie sélective parfois.

L'environnement, le climat, l'ambiance grâce à des descriptions courtes mais très imagées, les lieux prennent forme, les personnages ont un visage, un mental, des pensées. La machine se met en route très vite, les rouages sont bien huilés, on ne se perd jamais. Habilement l'auteur ne nous distille les informations qu'au fur et à mesure : des indices mais le pourquoi du comment ne vient que par petites touches : des retours en arrière parfois, des réflexions intimes (en italique), l'imaginaire, les rêves et l'approche du paranormal parfois accentuent l'ambiance noire. Mais il aurait été facile de tout résumer au bien et au mal et dans ce récit cela va plus loin.

Vous, moi, ne peut-il nous arriver un jour de basculer ?

« Vous seriez surprise de ce qu'on est capable d'accomplir quand on est au pied du mur ». (p490)

Pour moi le personnage dominant, le fil conducteur du livre et la réflexion que veut nous amener à nous poser l'auteur, est la mère, Norma, femme charismatique, totalement vouée à sa progéniture, ayant été au-delà de l'amour maternel pour elle, qui n'a pas eu la vie qu'elle rêvait, toute sa vie est un combat, une lutte et à la veille d'un concours de mini-miss auquel sa fille Cindy va participer, qui verrait un aboutissement, un couronnement aux efforts qu'elle a fournis, tout s'écroule. Elle ne laissera rien se mettre sur sa route mais elle reste lucide, elle analyse vite, s'adapte aux circonstances.

« La haine émanait d'elle comme une mauvaise odeur qu'elle essayait, en vain de cacher » (p298)

Jusqu'où irions-nous pour protéger nos proches, nos enfants….. Mais pas seulement. Ne peut-il arriver qu'à un moment nos vies basculent car trop de douleur, trop de souffrance, besoin d'une revanche, d'une vengeance mais aussi de basculer pour simplement aider, secourir.

Graham, le frère de Tommy représente la normalité, celui qui ne fait que subir les dommages collatéraux, comme sa jeune soeur Cindy, il tente d'aider au mieux, partager entre son amour familial et la justice.

Tommy lui est le symbole de la violence à l'état brut, il se transforme en animal sanguinaire, mais n'a-t-il pas des souvenirs douloureux enfouis en lui et cette violence n'est-elle pas qu'un moyen de l'exprimer. A-t-il un jour été entendu, compris ? Sa façon d'exister désormais c'est de laisser ses instincts s'exprimer.

« Tommy se rua sur lui et lui planta la lame en plein milieu de la poitrine. Et il recommença, de plus en plus fort, ne s'arrêtant que quand il butait sur des os, pour reprendre autre part – son ventre, ses hanches, sa gorge – les hurlements d'Elmer laissant bientôt place aux bruits de sa peau qui se déchirait, de ses organes qui crevaient un à un sous l'effet d'une si rayonnante rage. » (p353)

L'auteur ne s'est pas laissé aller à la facilité : rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir. L'ogre, le mal rôde, il est là à demander sa part. Il y a des retournements de situation, j'avais par moment imaginé la suite logique des faits et lui m'a emmené sur une autre voie..

Je n'aime pas la violence et j'ai dû parfois me cramponner car les scènes se déroulaient, là, sous mes yeux, avec force détails. Mais je pensais que tout cela allait aboutir à un final grandiose d'hémoglobine….. oui ? Non ?. C'est beaucoup plus subtil que cela. Il a su glisser des doutes, des interrogations, des sentiments : je vous l'ai dit : rien n'est blanc, rien n'est noir. Dans le plus sombre il y a, parfois une petite lueur.

Je dois avouer que le titre HELENA m'a laissée un peu dubitative au final : j'ai relu trois fois les éléments qui auraient pu me faire comprendre mais je suis restée sur ma faim.

J'ai trouvé quelques longueurs parfois, en contraste avec des pages haletantes....Des pauses pour nous laisser le temps de reprendre pied.

Un roman que je recommanderais aux lecteurs de thrillers mais aussi à ceux qui aiment les histoires où la psychologie des personnages est l'élément moteur, qui recherchent un livre où se perdre et se laisser aussi mener par le bout du nez….

A la différence de son précédent roman, les Loups à leur porte, que je ne me souvenais pas avoir lu car très brouillon, difficile à suivre, violent également, et dont il a inclus certains éléments (malin) dans ce récit à la manière de Stephen King, son maître et dont on sent l'influence, celui-ci est plus construit et plus élaboré.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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