Euh… oui mais…
Voilà en gros mes premiers mots après que l'intensité de la couleur des mots ait été délavée par la vivacité avec laquelle ils se sont dissipés.
Très très partagé par ce recueil car pour ce qui est du fond, je n'ai absolument rien à redire.
Ce texte poétique à deux voix nous fait traverser les quatre saisons, nous propose une palette de couleurs allant du dégradé de gris au rouge vif en passant par des bleus… à l'âme. Une femme, un homme, une histoire d'amour, banal de chez banal sauf qu'
Estelle Fenzy sait les mots qui font la profondeur. D'un lieu commun, d'un cliché, elle sait venir titiller le lecteur, l'emmener sur des sentiers désertés, volontairement oubliés, sur des chemins creux aux sillons de l'intime.
L'idée de cet enlacement des maux par l'embrassement des mots jusqu'à l'embrasement final, j'aime.
«C'est une vaste terre
de fougères et de pins
Une forêt de profondeurs
arasée de ténèbres
J'en sais chaque recoin
chaque pli de la terre assoiffée
Chaque cicatrice de la pierre
mangée par les racines
Comme des rides
sur le front d'une vieille »
Page 11/12
« Je suis né dans ce village
à l'engrais des tempêtes
la forge des orages
Qui était cette femme
au visage froissé dans ma poche
Je ne m'en souviens plus
Sauf
la nuit parfois
quand
dans le grand silence
résonnent les cris des bêtes
et que
la pleine lune
baigne de sang sa lumière »
Page 13/14
Donc pour ce qui est du fond, c'est un
sans faute niveau ressenti.
Par contre pour ce qui est de la forme… alors là… c'est autre chose.
Je ne comprendrai jamais ce besoin d'utiliser des artifices qui n'apportent absolument rien ni à la facilité de lecture, ni à la compréhension, ni au sens, ni à la puissance du texte, ni à quoi que ce soit (pour moi, ce n'est que « ma vérité »). Je n'aime pas avoir cette impression que l'auteur et l'éditeur sont complices d'une sorte « d'escroquerie ». Les extraits cités plus haut, représentent quatre pages… sur un recueil qui en compte 57. Avec un peu de travail on peut vite écrire une encyclopédie en 20 volumes. Trois quatre mots par page,
sans compter cinq pages noircies par des illustrations auxquelles je suis totalement hermétique… oui, je reste sur ma faim. J'ai la sensation d'avoir lu la quatrième de couverture qui m'a bien hameçonné , que je m'apprête à passer un bon moment et qu'une voix me dit en boucle qu'il n'y a plus d'abonné au numéro demandé. La putain d'impression de m'être fait allumer par miss univers et de devoir me la mettre derrière l'oreille pour la fumer plus tard (oui c'est un recueil de poésie mais bon, chuis pas pouet moi) !!!
C'est vrai que pour faire un recueil un minimum conséquent, il faut plus qu'un texte ou deux semés au fil des pages.
Même si dans «
Rouge Vive », la qualité est inversement proportionnelle à la quantité de texte, que le papier est de qualité, la frustration est énorme.