Point d'honneur au bonheur et doigt d'honneur au malheur.
En Egypte, il existe une frontière étanche, lourde de conséquences, entre les preuves d’un crime et l’application de la loi. Le droit des femmes, notamment, est bien plus soumis à la tradition qu’à la loi. L’excision en est un exemple éloquent. (…) Les leaders religieux locaux, musulmans ou coptes, rivalisent de silence devant une tradition qui se perpétue, confortant les familles dans un mécanisme de répétition aveugle.
Et pour les femmes, n’en parlons pas… Parce qu’il ne suffit pas de virer un tyran… On doit faire une deuxième révolution, nous, pour avoir voix au chapitre…
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Mais vous ne comprenez pas que c’est comme ça, chaque jour ? Si personne ne dit rien, pourquoi ça s’arrêterait ?
Mais les militaires semblent autrement plus excités par la présence d’une femme. La frapper devient une fin en soi, justifiant un attroupement totalement absurde, au regard de la proximité de milliers de manifestants bien plus menaçants pour les forces de l’ordre… (…) Dans une société qui offre peu d’horizons, l’un des rares privilèges de l’homme égyptien est d’occuper l’espace public. Si la femme vient le concurrencer sur ce terrain… que lui reste-t-il ? Alors il humilie. Alors il frappe.
Rien ne retient les harceleurs : ni l’âge, ni la bague au doigt, ni le voile. Un adolescent pris sur le fait à Alexandrie et questionné sur son attitude a répondu de façon significative : " Si je ne poursuivais pas les femmes, mes copains me prendraient pour un homosexuel "
Bon... Un garçon vous a embêtée dans la rue, c'est ça ?
_ Non, j'ai été violée.
_ Où ça ?
_ Sur la place Tahrir.
_ Tahrir ? Vous croyez qu'on est dans le quartier de Tahrir ? Qu'est-ce que vous faisiez sur la place Tahrir ?
_ Ce n'est pas la question, j'étais accompagnée, mais il y avait trop de monde.
_ Vous n'aviez rien à faire là-bas. Quel genre de fille va sur la place Tahrir en ce moment ?