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Critique de epaminondasse


Caryl Ferey est un des ces auteurs français dont nous pouvons être fiers, parce qu'il creuse la niche littéraire qu'il a créé (polars violents aux quatre coins de monde sur fond de régimes répressifs et d' ethnies traditionnelles opprimées) avec une énergie infatigable et un style exigeant et magnifique. Ses livres, ultradocumentés y compris par des recherches de terrain (ex grand reporter), sont sous couvert de littérature de genre de véritables autopsies malade des excès de civilisations du monde moderne, et s'inscrivent parfaitement dans le courant écologique actuel.
On est rarement déçu par les livres de Férey mais selon sa sensibilité personnelle, on a forcément son livre chouchou. J'ai commencé par la saga Maori, qui m'a totalement embarqué, mais ne peux m'empêcher de déceler désormais un air de déjà vu dans chacune de ces histoires.
C'est le cas de Norilsk, où pourtant il n' y a va pas de main morte. Sibérie du Nord, Norilsk, – 60 ° en hiver, +30° l'été, trois mois de nuit permanente, trois de jour total, 260 jours de neige par an par an. Accessible seulement en avion ou en cargo, l'été. Cité minière industrielle exploitant le plus grand gisement du monde de nickel et de cuivre à coup de mineurs surexploités et site de production de gaz à hauteur de la consommation française, Septième ville la plus polluée du monde. Toundra alentour rongée par les pluies acides.
Ni plus ni moins qu'un décor de science fiction entre Outland et Blade Runner. Mais ici pas de réalité alternative dont puisse rêver les personnages prisonniers de ces limbes.

Il y a Gleb, mineur et photographe, amant caché de son collègue Nikita ; Dasha, orpheline, styliste et amoureuse sans espoir de Gleb ; Boris Ivanov, flic minable marié à Anya, coiffeuse à domicile, qui se meurt d'asthme dans cette pollution en attendant de rallier un sanatorium, à Saint-Pétersbourg, Lena, médecine légiste, son mari Sacha, joueur de béhourd, sport de combat ultraviolent pratiqué au club cosaque.
Ambiance post soviétique et implication dans l'intrigue de l'ethnie Nenets, peuple nomade, éleveur de rennes, menacé par l'exploitation du sous-sol.
L'intrigue criminelle ici semble un peu faiblarde par rapport à ce à quoi nous a habitués Ferey ; aussi on se reporte sur la sociologie tramée par le récit et sur la densité des personnages, toujours aussi travaillés, dans une ambiance d'une noirceur et d'une désespérance pour le coup indéite chez Ferey, ce me semble.
Hormis ce plaisir un peu voyeuriste, un peu cinéma Mondo du pittoresque local, on ne trouve guère d'enjeu humain, philosophique ou littéraire qui hisserait ce roman au dessus du genre... sinon le style inventif de l'auteur, qui fait pâlir nombre de nos auteurs de littérature blanche.
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