AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Jerome012630


Énorme coup de coeur que ce magnifique "la course à l'abîme", de l'académicien Dominique Fernandez, une autobiographie romancée de Michelangelo Merisi, dit le Caravage.

Autobiographie en effet car Fernandez convoque ici l'artiste de l'au-delà, dans un récit à la première personne.

De son enfance, dans ce village de Caravaggio d'où il tira son nom, à sa mort sur une plage, c'est 30 ans d'une vie mouvementée que l'on voit defiler sous la très belle plume de l'écrivain. Vie pendant laquelle le Caravage côtoiera des puissants et s'en fera de féroces ennemis.

Car dans cette époque post Concile de Trente, l'art est non seulement devenu important mais il est au service de l'Église. Les édifices religieux se doivent d'être décorés, pour contrecarrer l'austérité protestante et ses principes vers lesquels certains chrétiens pourraient vouloir se tourner.
C'est aussi une preuve de pouvoir et tout est bon pour enrichir sa collection.
Mais il peut être à double tranchant s'il ne respecte pas les Écritures, à un moment où au Vatican s'affrontent le clan espagnol et le clan français, dont fait partie le protecteur du Caravage, le cardinal del Monte.

Dans une Italie dont les moeurs ont évolué depuis l'Antiquité, l'orientation sexuelle du jeune peintre s'avère dangereuse.
Cette homosexualité sera un des points importants du livre. Forcé de se cacher pour éviter l'Inquisition, le Caravage va se servir de ses tableaux pour être lui-même, heurtant souvent le clergé.

Car il refuse le bon goût académique de l'époque et n'aura de cesse de combattre ces réalisations fades, dans lesquelles les cadavres ne portent trace d'aucune blessure ni d'aucune goutte de sang, où Jésus ne semble pas souffrir de la crucifixion. Il veut choquer.

On découvre au fil des chapitres la genèse des plus grandes oeuvres du maître du clair obscur, leur composition, leur signification: Judith et Holopherne, le jeune Bacchus malade, le joueur de Luth, la vocation de Saint Mathieu, le jeune garçon mordu par un lézard, etc etc
Mais cela se fait d'une manière extrêmement fluide, jamais didactique ou ennuyeuse et toujours au service du récit.

C'est donc avec un immense plaisir que j'ai lu ce roman.

Tous les éléments sont-ils juste, par rapport aux biographies officielles ? Je ne sais pas mais cela ne me paraît pas le plus important ici.

Je le recommande à tous et ne manquerai pas de me procurer rapidement "Porporino ou les mystères de Naples" du même auteur.

Bonne lecture à tous!
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}