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Critique de oceaneclaer


C'est le fait d'avoir vu le film (Le Caravage de Michele Placido de 2022) qui m'a donné l'envie d'approfondir le Caravage. Et comme je connaissais Dominique Fernandez, j'ai sauté sur ce livre.
C'est d'une érudition folle. On apprend énormément et sur l'histoire du XVII° Siècle, et sur la peinture.
Dominique Fernandez s'est mis dans le costume du Caravage, je dirais même dans sa peau, dans ses désirs, dans ses stupres. Il connait bien son sujet et peut aisément en parler à la première personne. Il postule que le génie du Caravage serait irrigué par son amour des beaux garçons qui lui servaient de modèle, la sensualité et l'érotisme des tableaux en étant la preuve.
Caravage dit : Caravage je suis. Tous ceux qui sont passés avant moi sont mièvres et fadasses, je peins la réalité même la plus sordide, foin des voiles et des auréoles, à bas l'air énamouré, je peins la crasse, la sueur et le désir.
Et c'est vrai quand on voit les tableaux sous cet angle, on a les yeux qui se décillent. Et magie de notre époque, on peut lire Fernandez d'une main et décrypter le tableau de l'autre. Fernandez a le talent et l'immense savoir de nous faire voir les prédécesseurs, les Titien, les Raphaël, et même les Michel Ange, sous le regard du Caravage. Il y a bien eu un avant et un après Caravage.
La grande culture de Fernandez ne se cantonne pas à la peinture. Il nous promène de Milan à Rome, de Rome à Naples, de Malte à Syracuse, enfin Messine. Ce XVII° siècle en Italie ne m'avait jamais autant parlé (par exemple je n'avais jamais fait le rapprochement entre Henri IV et Caravage, et pourtant c'est bien au moment du mariage d'Henri avec Marie de Médicis qu'il peint ses Mathieu à la chapelle Contarelli. Ironie de l'histoire, ils sont morts la même année) Je n'avais jamais non plus imaginé qu'il était contemporain de Rubens, ils sont si différents.
Quelle jubilation, quelle jouissance, d'entrer dans l'intimité de tous ces personnages, copains comme coquins, quelle sensation d'intelligence en refermant ce livre. le mystère reste entier au sujet de sa mort (on pense à Pasolini sur la plage d'Ostie), de sa vie aussi, mais maintenant, ses tableaux, on les a dans le coeur.
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