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Critique de SZRAMOWO


"Bientôt l'Algérie ne sera peuplée que de meurtriers et de victimes. Bientôt les morts seuls y seronT innocents."
La citation d'Albert Camus en exergue de la BD de Ferrandez donne le ton.
Dans ce 6ème Tome des carnets d'Orient l'auteur s'attaque à un sujet qui n'a pas fini de fracturer la société française, les dits "événements" d'AlgérIe.
Comme l'annonce Gilles Kepel dans le titre de sa préface, il s'agit de "Montrer ce qu'il y à à voir."
"La douceur de vivre un jour de Toussaint à Tipasa et l'âpreté du maquis (...) les uns pratiquent la torture et les autres la mutilation."
La force de la BD de Ferrandez est de faire évoluer ses personnages dans un contexte politique et militaire qui contraint leur jugement et vient à le déformer.
Il dépasse l'opposition manichéenne entre Algériens et Pieds-Noirs pour montrer que les lignes de fracture agissent aussi au sein de chacune des communautés.
Le jeune Saïd réussit à l'école "française" mais son père Omar lui fait suivre l'enseignement de l'école coranique, alors que Si Mahmoud le garde champêtre ancien combattant l'incite à apprendre le français et à réussir.
Les convictions de Si Mahmoud le conduirotn à la mort.
A Tipasa, Ali un jeune étudiant algérien fréquente des pieds-noirs qui s'étonnent de le voir citer Albert Camus et pensent qu'il pourrait "sortir le couteau" s'ils manquent de respect à sa cousine Samia étudiante en médecine. Ali ne peut que s'engager aux côtés du FLN.
A l'hôpital, les collègues de Samia l'interpellent face aux blessures par mutilations, nez tranchés, qui sont amenés aux urgences :
"Ce sont des musulmans qui ont fait ça à des musulmans... Tu peux m'expliquer ?"
Les relations entre communautés sont de plus en plus difficiles, l'escalade de la terreur impose à chacun de choisir son camp, jamais en fonction de ses intimes convictions, mais en fonction de son appartenance.
Ferrandez déploie son talent pour illustrer les crises de conscience qui traversent les esprits. Soldats s'interrogeant sur le rôle que l'état leur fait jouer contre partisans de la terre brûlée. Combattants du FLN remettant en cause les interdictions absurdes qu'on leur impose, le tabac et l'alcool notamment accusés d'intelligence avec l'occupant.
Le combat de Camus pour "réconciler les hommes de bonne volonté" est perdu à tout jamais.
Seul l'amour entre Octave le soldat français et Samia réprouvé par les deux communautés pourrait faire changer l'avenir mais est-ce réaliste ?
Encore du grand Ferrandez.






Lien : https://camalonga.wordpress...
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