Que de colères, de rages, nourries
dans le secret des âmes déchirées de Antoine et
Paul Mattéï deux frères qui vivent dans le milieu fermé d'un village corse qui semble immuable. Eux-même sont murés dans des tourments renaissant et se perpétuant d'une génération à la suivante, pris entre rêve et réalité, une réalité qu'ils voudraient fuir. Ils se débattent, tentent de comprendre et peut-être une forme de rédemption est-elle possible lorsque l'homme entend la quintina cette cinquième voix que perçoive sans qu'elle soit chantée ceux qui se laissent prendre par la beauté grave d'un choeur polyphonique de quatre hommes, la Quintina considérée comme étant la voix de la vierge. Mais l'homme peut-il encore supporter d'entendre «
dans le secret» la beauté de cette voix ?
Ce livre de
Jérôme Ferrari (le premier publié par
Actes Sud), où l'on peut croiser les thèmes développés dans les suivants, a la beauté sombre et incandescente d'un soleil noir.
La mort des mondes à laquelle il est fait allusion p 135 est développée dans le dernier livre de
Jérôme Ferrari «
Le sermon sur la chute de Rome»
« ... tout le monde était gentil avec moi mais pas au point de me dire que ce qui m'ennuyait ( les réunions de famille pour les fêtes) était sur le point de mourir et que j'y repenserais bien des années plus tard -- si peu d'années plus tard, en somme -- avec une telle nostalgie et une si grande peur. Ce ne sont pas seulement les hommes qui meurent, les mondes meurent aussi d'une vraie mort, aussi définitive et triste que celle des hommes.»
De même on croise en 1959 un
Paul Mattéï parti en Indochine puis en Algérie qui par certains côtés est une esquisse du André Degorce de «
Où j'ai laissé mon âme».
Je vais poursuivre ma plongée dans l'univers de cet auteur dont la découverte me touche profondément.
Commenter  J’apprécie         420