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Critique de ktylauney


Je remercie Babelio et les Éditions de l'Archipel pour ce roman accompagné d'un magnifique marque-page reçus dans le cadre de la Masse Critique.

A la Villa d'Ys, la maison de granit de Ploumanac'h, qui a pu enlever la petite Gaela ?
Son frère de treize ans endormi n'a rien entendu ni vu l'ombre noire qui se penchait sur le berceau pour s'emparer du bébé de dix jours alors qu'à l'extérieur la lumière du phare des Sept-Îles balayait la nuit.

Quand Morgane, la mère, rejoint son mari dans un bar cosy pour prendre un verre avec lui, elle paraît essoufflée et nerveuse.
Apparemment le couple ne nage pas dans le bonheur malgré une situation financière enviable. Morgane est artiste peintre et expose ses toiles tandis qu'Elouan se passionne pour les antiquités. Il est le plus souvent absent, parti à droite et à gauche à la recherche d'objets d'art.

De retour chez eux, les parents constatent que leur bébé a disparu. La police scientifique cherche des indices, une alerte enlèvement est lancée. Alors s'enchaînent des interrogatoires qui n'en finissent pas menés par le juge d'instruction chargé de l'enquête.

Un mois plus tard, coup de théâtre, le bébé réapparaît ! Mais Arthur, le fils, est persuadé qu'il ne s'agit pas de Gaela mais d'un autre bébé.

" La Côte de granit rose s'étend sur une vingtaine de kilomètres, elle est constituée de promontoires et de criques, de presqu'îles et de baies, d'îles et d'écueils, de plages de sable et de grèves de cailloux roses polis par les millions d'années de coups de boutoir de la mer. " ( Citation )

Christophe Ferré a magnifiquement dépeint les paysages et la beauté sauvage d'un coin de Bretagne en évitant les clichés semblant tout droit sortis d'un guide touristique. L'amour de l'auteur pour cette région est bien réel et donne vraiment envie de découvrir la Côte de granit rose. C'est le seul point fort que je lui attribue, sa façon de nous transporter dans un cadre splendide par le biais d'un récit enjolivé de magnifiques descriptions des lieux.

Je préfère me montrer honnête, Morgane, le personnage principal, est détestable. Je n'ai pas réussi à plaindre cette femme indigne d'être mère qui n'hésite pas à laisser son bébé de dix jours sous la seule surveillance de son fils qui est encore bien trop jeune.

Au fil du récit on découvre une femme secrète qui n'éprouve aucune empathie pour les autres, ne pense qu'à elle, se confie à une amie qu'elle déteste et à une journaliste en qui elle n'a aucune confiance.

Le récit est truffé d'invraisemblances, aussi bien au niveau des méthodes d'investigation policières que du travail du juge.
Quand une mère se trouve soupçonnée d'avoir enlevé son bébé et peut-être de lui avoir fait du mal un juge n'aurait pas hésité une seconde à retirer l'enfant temporairement du foyer parental pour le confier aux services sociaux afin de le protéger.

" Les médias s'abreuvaient de ce fait divers où l'amour côtoyait la mort, où la suspicion était partout et la vérité nulle part. le public se délectait de cette histoire de sang et de larmes qui souillait les rochers de la Côte de granit rose. " ( Citation )

Les policiers, le juge, les médias, se sont emparés de l'affaire. La vie du couple est étalée au grand jour et des secrets que Morgane n'aurait pas voulu voir dévoilés font désormais la une des journaux.

Tous les protagonistes sont potentiellement coupables. Morgane, en premier lieu, son mari, et éventuellement leur fils. La meilleure amie-ennemie, le voisin malfaisant, les amants de passage. Tout le monde accuse tout le monde et chacun a un mobile pour se venger de Morgane.

Les conversations entre protagonistes manquent de naturel. Tous sont antipathiques excepté Arthur qui est peu présent. Les situations et réactions sont exagérées et surtout surjouées, incrédibles, voire grotesques par moments. Sans compter les répliques contradictoires.

" Elouan la dévisagea.
— On dirait que tu as couru.
— Mais non. " ( Citation page 13)

" Morgane ne répondit pas tout de suite. Elle regardait son mari sans le voir.
— Tout va bien. J'ai couru pour ne pas être en retard. C'est tout. " ( Citation page 17 )

Ce qui m'a le plus choquée c'est le manque d'émotion dans ce roman. le sujet est pourtant tragique avec au fil du récit des scènes choquantes. Un bébé enlevé, innocente victime d'une personne lâche qui cherche à se venger.
L'auteur n'a pas doté ses personnages, particulièrement la mère, des sentiments humains qui s'imposent. Morgane paraît totalement dépourvue d'amour maternel. Elle devrait être angoissée, dévastée et ravagée par le chagrin à la disparition de Gaela. Contre toute attente elle reste hermétique, impassible, inébranlable, froide et aussi dure que les rochers immuables de Ploumanac'h.

Le spectacle du malheur devrait prendre la figure d'un tableau auquel nul ne peut rester insensible, mais ici les personnages m'ont laissé parfaitement indifférente à cause de l'absence totale d'émotion.

L'auteur ne fait que perdre le lecteur dans des imbroglios inutiles jusqu'au dénouement où le puzzle en mille morceaux s'assemble précipitamment et surtout bien à propos. C'est un peu trop facile.
Dommage, l'écrivain a une belle narration et un potentiel évidents mais son roman n'est pas bon avec son trop-plein d'absurdités au niveau de l'intrigue, des dialogues faiblards entre personnages déplaisants.

La lecture du résumé promettait une intrigue haletante au coeur des landes bretonnes auréolées de mystère. Hélas, la magie s'est rompue, ce ne fut pas le cas.
" La petite fille du phare " est une grosse déception à hauteur de l'attente. Il est à classer dans les polars très moyens.
En plus du résumé attractif l'illustration de couverture est splendide, par conséquent vendeuse. Pour un peu on porterait plainte pour tromperie sur la marchandise...
















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