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Critique de Soleney


Le reptile, c'est Julius. Un passionné de livres qui a l'habitude d'écrire une nouvelle par jour. Son genre de prédilection ? Les littératures de l'imaginaire.
Mais bientôt, c'est son quotidien qui va être envahi par le surnaturel : suite à une chute, une bosse apparaît sur son front et ne fait que grossir. Ses collègues le regardent comme s'il était un monstre. Les gens dans la rue l'évitent. Sa voisine, habituellement si collante, se montre étrangement méfiante…

Le récit alterne entre une journée de la vie de Julius et une nouvelle que ladite journée lui inspire. de triste et solitaire, l'ambiance va peu à peu glisser vers la menace et l'horreur.

J'ai été particulièrement impressionnée par l'écriture. Comment la décrire ? Fine et précise, idéale pour raconter l'horreur grandissante qui habite le protagoniste.
Mais je ne suis pas rentrée dans les histoires que racontait Julius. Les deux premières, notamment, m'ont même plutôt refroidie. Bref résumé de chacune d'entre elles :
- Eux plutôt que moi : Seconde Guerre mondiale. Pour tenir un peu plus longtemps, un prisonnier des camps de concentration collabore avec les nazis en surveillant la porte des douches meurtrières : contrôler les entrées, s'assurer que personne ne sorte, fermer la porte qui sépare les morts des morts en sursis. le but : survivre plus longtemps que les autres. J'ai trouvé que ça manquait de rebondissements et la fin ne m'a pas surprise ;
- Révolutions : après avoir pollué la Terre jusqu'à la rendre inhabitable, l'Humanité n'a plus qu'un choix : s'exiler du système solaire. Pour cela, un seul moyen : le Hub, sorte de trou de ver fabriqué par l'homme. le vaisseau Pan transporte les premiers humains destinés à le traverser. Mais un saboteur fait échouer la mission, endommage le vaisseau et condamne tout l'équipage à une mort lente. Qui et pourquoi ? Je me suis peu attachée au personnage principal (Peter Farley, électromécanicien et narrateur), et au style : c'est un journal de bord, écrit d'un ton sec. Pas mon genre ;
- Has-been blues : un vampire poursuit l'ouest dans une espèce de Far West post-apocalyptique à la Mad Max. Musicien à ses heures perdues (qui sont nombreuses), il voit et raconte à la première personne son environnement : plus de voitures, le gasoil coûte trop cher, plus d'humains à consommer (de toute façon leur sang a désormais un goût de vaisselle), les créatures de la nuit ne sont plus que des rebuts de la société, des has-been qui ont perdu la fraîcheur de la nouveauté et sont la cible de moqueries. Un traitement atypique et intéressant ;
- Terminus : Piffard est un cluricaune : un lutin des légendes irlandaises. Émigré aux États-Unis, hantant un métro, le voilà soudain tiré de sa longue léthargie par des pleurs inhumains. Qui ose et pourquoi ? Mélange de mythe et de modernité, cette nouvelle est intéressante, quoique trop longue pour le peu qu'il s'y passe ;
- Dieu de bile : aux temps des affrontements entre cow-boys et Indiens, Joachim Stahl est un pistolero déterminé à civiliser les terres américaines et à rejoindre la côte ouest. Une malédiction pèse sur lui, le transformant petit à petit en bête sanguinaire. Cette nouvelle est intéressante pour les questions qu'elle soulève : massacre des Indiens, des bisons, industrialisation sans modération, et tout ça pour quoi ? Pour que nos cadavres reposent sous des parkings et non pas de grandes plaines herbeuses. Au début mince, mon intérêt s'est épaissi au fur et à mesure de l'histoire ;
- Les Pas du golem : la ville de Gomorrhe est mourante. Une peste immonde, tuant en trois jours et liquéfiant les cadavres en un temps record, touche toute la population sans discrimination. Rien ne sert de se barricader ou de se rationner, c'est comme si ça circulait dans l'air. Athanasius Pernath, lieutenant de la brigade sanitaire, rare humain encore en vie, lève le voile sur l'origine de cette horreur… La meilleure histoire du recueil, gore, addictive et mystérieuse. J'ai été emportée ;
- Vieille branche : Anatoli préfère aller voir son grand-père plutôt que d'aller à l'école parce qu'il lui raconte des histoires de dragon. Jusqu'au jour où la milice l'arrête et lui vole sa seule échappatoire. Pas spécialement touchée, ni par les personnages, ni par les événements ;
- La Bouteille, le barbu et le sens du monde : un jour, un homme rentre dans un bar. Mais pas n'importe lequel : c'est un bar auquel seuls les gens désespérés peuvent accéder. Un bar tenu par Dionysos en personne… J'ai été déçue par la chute – qui est également la chute finale de l'oeuvre – mais l'idée de mêler mythologie et urban fantasy est plutôt sympa.

En conclusion, ce recueil a un niveau assez inégal. J'ai découvert des pépites (Le Pas du Golem), mais aussi des déceptions (Terminus). Des moments intenses (la deuxième moitié du livre) et des longueurs (le début). Et surtout une très bonne plume.
Difficile de juger Dernière semaine d'un reptile
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