En sortant du tunnel de notre désespoir, nous avons découvert que nous étions capables de vivre, mais aussi de danser...
Si seulement on avait un cerveau lavable. Incroyable le nombre de fois où j'ai eu envie de me décalotter le crâne, comme on décalotte un œuf, pour sortir mon cerveau et le rincer sous le robinet comme une éponge sale.
Maintenant le premier mannequin venu se précipite aux quatre coins de la planète pour se faire photographier avec des gens qui crèvent de faim. C'est scandaleux. Je veux dire, c'est de l'impérialisme culturel à son pire niveau.
Je me rappelle que j'ai vu par la fenêtre de la voiture le visage d'une jeune fille. Je me souviens d'avoir été bouleversée par la taille de ses larmes parce que le reste de son corps semblait si desséché, racorni et épuisé qu'on se demandait d'où pouvait venir l'humidité de ces larmes.
L'Occident est riche. Le Tiers-monde est pauvre... C'est évident et c'est stupide. C'est la vérité évidente et stupide.
C'est affreux de se sentir investi d'une responsabilité et de n'avoir aucun pouvoir.
Je crois que le malheur n'est jamais aussi difficile à accepter que lorsqu'il confère un sentiment de culpabilité ou de honte.
En sortant du tunnel de notre désespoir, nous avons découvert que nous étions capables de vivre, mais aussi de danser...
La seule façon de s'en sortir était de ne pas trop penser mais d'accomplir simplement les tâches les unes après les autres : faire une chose puis passer à la suivante.
Dans le doute, il vaut mieux agir que ne rien faire, c'est ce que je dis toujours.