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Critique de PhilippeCastellain


Très beau livre acheté pour sept euros sur un marché, j'ai eu l'impression d'arnaquer le vendeur. Il permet de découvrir la vie et l'oeuvre de Gian Lorenzo Bernini dit le Bernin, fer de lance de la sculpture baroque au XVIIème siècle. L'ouvrage comprend bien sûr des chapitres détaillés sur ses trois oeuvres les plus connues : l'enlèvement de Proserpine par Pluton, David bandant sa fronde pour affronter Goliath, Apollon et Daphnée. Trois statues éblouissantes de maestria, combinant une formidable maitrise technique et une incroyable expressivité, et qu'on peut admirer à la galerie Borghèse si on va à Rome.

On découvre d'abord ses oeuvres de jeunesse dans l'atelier de son père, telle que la charmante chèvre Amalthée. Sont présentées également ses restaurations de statues anciennes, encore aujourd'hui unanimement saluées pour leur qualité et leur fidélité. Rapidement, il devient l'un des artistes les plus renommés de son poque. Mais au XVIIème siècle, un bon sculpteur est avant tout un bon entrepreneur. Et dans ce domaine, le Bernin est également un expert. En atteste sa participation à la construction de Saint Pierre de Rome : c'est son atelier qui réalisa toutes les statues de la colonnade qui dominent la place Saint Pierre. Son atelier encore qui réalisa le baldaquin de bronze au dessus de l'autel, la chaire De Saint Pierre et le splendide tombeau d'Urbain VIII !

Dans ces conditions on le devine, bien travailler c'était d'abord bien s'entourer ; et le Bernin semble avoir eu un don pour repérer et exploiter au mieux les sculpteurs les plus prometteurs de son temps. En fait, pour beaucoup d'oeuvres tout le gros du travail était fait par ses collaborateurs d'après une esquisse rapide, et il se contentait des finitions. C'était le fonctionnement normal de l'époque, et la plupart de ses commanditaires considéraient comme suffisant qu'il ait mis la dernière main à l'oeuvre. Et cela n'a rien d'absurde : qui a déjà sculpté un visage sait qu'il suffit de quelques copeaux minuscules pour changer totalement l'expression d'un visage.

Et le grand mérite de ce livre, c'est justement de présenter également les oeuvres de ses principaux collaborateurs qu'ils réalisèrent en dehors de son atelier ! Une façon de leur rendre hommage et de les associer à la gloire du Bernin, mais également de comparer les styles et de mesurer son impact sur le monde de l'art. Andrea Bolgi, Francesco Baratta, Giuliano Finelli… de tous ce dernier semble avoir été le plus doué, capable de faire littéralement de la dentelle de marbre ajourée ! Mais ses portraits n'atteignaient pas le degré d'expressivité de son maitre, et il ne bénéficia jamais de commandes aussi importantes. On voit également ses successeurs, tels que l'Algarde.

Encore plus intéressant, les rares concurrents du Bernin figurent également. Ce fut surtout Francesco Mochi, qui n'accepta jamais vraiment la domination de son rivale, et fut le seul à tenter de dépouiller certaines de ses oeuvres de son influence : figures austères, froides, longilignes… Fascinantes aujourd'hui, échec critique à l'époque !

Sculpteur majeur de l'histoire européenne, le Bernin fut un artiste complet, qui outre le génie et la technique, possédait deux dons précieux : savoir s'entourer et savoir gérer un grand chantier.
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