Les discours moralisateurs ne sont pas de mon ressort. D’ailleurs je connais votre générosité. Nous, il nous suffit de savoir que vous êtes fidèle à la cause, et que si nécessaire vous savez vous montrer très généreux, le reste ne nous regarde pas, en tout cas du point de vue de l’éthique révolutionnaire, qui est la seule chose qui compte. Avec ces gens, ce n’est même pas du vol. Mais ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi vous avez attendu si longtemps. Ces gens sont sans pitié…
Les femmes de service n’ont aucun sens des responsabilités. Quand elles manient le balai elles n’y vont pas avec le dos de la cuillère : une prise débranchée et le procès-verbal est fichu.
Le feu prend souvent dans les feuilles sèches que personne ne ratisse jamais et avec le vent, l’incendie s’étend.
L’espionite est la nouvelle métaphysique. Au XVIIe siècle, les gens comme vous attribuaient la peste à l’action des étoiles. Aujourd’hui les astres néfastes s’appellent services secrets.
La prison stimule le raisonnement. Les détenus, à de rares exceptions près, deviennent en peu de temps de subtils juristes, même les analphabètes. Alors avec ce professeur… Mieux vaut étouffer dans l’œuf certaines conversations, sinon les parloirs risquent de s’enliser dans les « si » et les « mais ».
Les juges, on ne peut pas s’y fier, leur jugement est fait d’avance.
On peut faire cadeau de telle ou telle denrée – si elle est de qualité – à qui on veut, mais aux hommes d’honneur on offre seulement des vêtements à condition qu’ils portent des griffes prestigieuses.
En Italie la durée de la détention préventive change souvent. C’est un élastique qui raccourcit ou rallonge au gré des événements. Si c’est une période calme, au sens où la mafia ne tue pas plus que d’habitude, les délais sont ceux prévus par le code, sinon ils promulguent un décret et les rallongent.
Il est difficile décrocher le gros lot, les bons numéros ne sortent presque jamais.
— Le syndrome de qui ?
— De Stendhal. Il s’appelle ainsi parce que Stendhal a été le premier à le décrire. C’est une forme de dissociation mentale qui s’empare des voyageurs qui se sentent déboussolés face à un nouveau milieu et qui, l’anxiété du voyage aidant, sont pris d’une profonde panique. Le malaise peut se résorber en un jour ou deux, mais il peut aussi devenir chronique…