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Critique de Etsionbouquinait


Quand Sacha, jeune arbitre de football, emménage dans un nouvel immeuble, il n'a qu'un objectif, tourner une page de sa vie douloureuse et surtout n'être importuné par personne. C'est donc avec un profond dépit qu'il voit Tatiana Alexievna, une nonagénaire, atteinte d'Alzheimer et qui se sait condamnée, commencer à lui narrer son histoire. C'est elle qui met des croix rouges (à l'origine du titre) sur sa porte, pour être sûre de se repérer dans l'immeuble.

Née en Angleterre, elle est rentrée en Union Soviétique car son père voulait participer à l'édification du monde nouveau. Elle travailla au Commissariat des Affaires Etrangères, son mari dut partir combattre durant la Seconde Guerre Mondiale. Et c'est là que sa vie prendra une tournure tragique que l'on découvre tout au long du livre, entrecoupé par l'histoire personnelle de Sacha.

Dans ce livre, la critique du régime est également omniprésente : les secrets d'Etat, la personnalité de Staline, les exactions du Régime envers son propre peuple dans les camps mais pas seulement (et l'exemple de la vie de Tatiana en est malheureusement une réelle illustration), ou encore l'absence de réponse du gouvernement soviétique aux lettres adressées par la Croix Rouge, sans oublier les collusions avec le régime nazi.

L'un des aspects du livre qui m'a le plus frappé, c'est l'importance de la mémoire : mémoire collective d'un peuple qui a tendance à oublier les exactions et mémoire individuelle, bien sûr. A un moment dans le livre, Sacha et Tatiana se rendent à une manifestation contre la construction d'une autoroute à l'endroit où se situe un mémorial dédié aux victimes de la Guerre. C'est une lutte pour que ces traces ne s'effacent pas, tout comme la lutte vaine que mène Tatiana, qui finalement trouvera en son jeune voisin un passeur de mémoire.

Ce sont des interrogations universelles qui émergent du livre : sur la condition humaine, la conscience personnelle. Cela nous donne au final un récit dense, mis en valeur par une plume acérée, qui confirme Sacha Filipenko parmi les écrivains de langue russe à suivre !

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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