AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Croix rouges (8)

J'essayais de mémoriser chaque mot, pour qu'un jour, une fois libérée, je puisse répéter tout cela aux gens. Oui, mais voilà, c'est malheureux mais quand je me suis retrouvée en liberté, j'ai soudain compris que personne n'avait besoin de cette vérité.
page 164
Commenter  J’apprécie          40
Combien de fois, autour d'une table, après un ou deux verres, nous discutions entre amis de telle ou telle conduite ?
"Non, ça je ne le ferais jamais ! Non, même menacé de mort ! Trahir ? Vous n'y pensez pas ! Calomnier? Jamais ! Il y a des limites à tout ! Et la morale, alors ? Et l'honneur ? Vous avez appris que tel ou tel avait écrit des dénonciations ? Et moi, l'aurais-je fait ? Ah, non ! Jamais, c'est certain ! Accuser faussement quelqu'un ? Sottise ! Je ne le ferais pas, même sous la torture. Et si la vie de mes enfants en dépendait ? Rien ne pourrait me forcer à renoncer à mon humanité !"
Si seulement ! En réalité tout était beaucoup plus complexe. Si l'être humain a vraiment réussi en un domaine, c'est dans l'art de s'arranger avec lui-même.
Commenter  J’apprécie          40
Un peu penchée mais solidement plantée en terre, cette croix résonnait dès que le vent se levait et se transformait en instrument de musique. Cette croix chantait le passé et l'avenir, la mort et la désespérance, la mémoire et la résignation. Son pied n'était pas arrosé mais imbibé du sang provenant de cette terre, cette croix était son histoire et sa métaphore, son avertissement et son repère.
Commenter  J’apprécie          40
J'ai appris que, comme nous, les enfants étaient envoyés, dans les orphelinats en convois escortés par des gardes, avec des chiens. Les enfants avaient droit à une ration, et, bien sûr, devaient travailler. Cinq fois par semaine, munis de petites binettes, les gosses de cinq ans allaient au potager sarcler les plates-bandes. Toutes les forces, même les plus minimes, devaient contribuer à la construction de notre grand pays.
J'apprenais que les enfants mangeaient les rats qu'ils attrapaient, que dès les premiers jours au camp, ils apprenaient à se dénoncer les uns les autres.
Des enfants me racontaient que certains orphelins reniaient démonstrativement leurs parents.
pages 179-180
Commenter  J’apprécie          30
Tout ici doit être nouveau ! L'homme nouveau empli d'un nouvel héroïsme accomplira de nouveaux exploits pour des jours nouveaux, une nouvelle musique et une nouvelle littérature. De nouvelles lois, de nouveaux sentiments et un ordre nouveau nous sont nécessaires pour que la nouvelle génération des Soviétiques puisse sans obstacle entrer dans l'ère nouvelle et commencer à élaborer un produit nouveau, jusqu'ici inconnu et extraordinaire par sa qualité et sa catégorie : la merde nouvelle!
Commenter  J’apprécie          20
N’est-ce pas charmant ? Il est criminel de lutter contre le nazisme ! Nos diplomates avaient bien assimilé la leçon et, quand l’armée allemande est entrée dans Paris, ils sont allés accueillir les troupes hitlériennes. (…) C’était un homme droit, un vrai communiste et antifasciste. Quand il était question d’Hitler, il ne mâchait pas ses mots, et il en a payé le prix. Ayant appris qu’un personnage officiel en France dépassait les bornes, Moscou a rappelé son diplomate, qui fut aussitôt arrêté. Il a été condamné à cinq ans pour « état d’esprit antigermanique ». Et savez-vous quand ? En septembre 1941 ! Les nazis étaient devant Moscou et nous mettions nos diplomates en prison parce qu’ils avaient mal parlé d’Hitler.
Commenter  J’apprécie          20
De temps en temps, derrière la baraque, il manquait des morceaux à certains cadavres frais. (…) Parfois, après avoir bu, le chef du camp organisait une attraction, toujours la même. Il prenait une pelle, y jetait un morceau de viande avariée et sortait dans la cour. Chaque détenue pouvait quitter sa « plus-huit », se traîner à genoux jusqu’à la pelle et couper avec ses dents le plus gros morceau qu’elle pouvait. (…) Je pensais que le plus effrayant, ce n’était pas que des détenues épuisées essayaient d’arracher un morceau de viande avec leurs dents, c’était que si nous ne changions rien, si le monde restait dans l’ignorance de ces horreurs, dans cinquante ans se cristalliserait un homme qui mangerait dans une pelle de par sa propre volonté. Et s’il n’y a ni douloureuse prise de conscience, ni repentir de la part de ce pouvoir, cet homme fera la queue devant une pelle pleine de blinis et sera heureux, il y mangera avec plaisir, car un tel homme n’est pas prisonnier dans un camp, mais en lui-même.
Commenter  J’apprécie          20
Dieu a peur de moi. Trop de questions gênantes l’attendent.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (41) Voir plus




    {* *}