AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nadou38


Quand BazaR nous a proposé la lecture commune de « L'homme incendié », je dois dire que le titre m'enthousiasmait peu. L'étiquette « roman historique » et surtout le plaisir de partager une lecture avec mes amis Fifrildi, Srafina et BazaR m'a décidée, et j'ai bien fait.

« L'homme incendié » est une biographie romancée de la vie de Giordano Bruno.

Honte à moi, je ne connaissais pas ce personnage de l'Histoire, et rien que pour ça, merci BazaR de me l'avoir fait découvrir avec ce livre.
Pour ceux qui comme moi ne le connaissent pas, Giordano Bruno est un dominicain napolitain du XVIème siècle qui est principalement connu pour avoir soutenu la théorie copernicienne de l'héliocentrisme et pour avoir ajouté que l'univers était infini et peuplé d'innombrables mondes (Je résume grossièrement, hein !). Foncièrement croyant, il contestait cependant, sous les casquettes de la philosophie et de la poésie, certains aspects de l'Eglise. Pour ses publications « dérangeantes », l'Inquisition l'a fait condamné à mort pour hérésie, brulé vif à Rome en 1600.

Dans son roman, Serge Filippini donne la parole à Bruno. Ce dernier, enfermé et interrogé depuis plusieurs années dans les geôles du Saint-Office à Rome et ayant eu connaissance de sa condamnation, profite de ses derniers jours pour écrire ses mémoires.

On découvre à travers ce récit son parcours durant 50 années, ses fuites et errances dans les différentes villes d'Europe, les grands noms qu'il a pu croisés, les courants religieux auxquels il a été confrontés - avec les mêmes obstacles toujours liés à la peur et à l'intolérance - et évidemment les idées qu'il défendait. Une doctrine à lui tout seul il faut dire, mais qui peut faire rêver car il revendiquait finalement une certaine liberté de penser.

« Hérésie veut dire libre choix, Votre Majesté. le mot vient du grec. Haïrésin didónai : donner le choix. Que chacun pratique la religion qu'il aime, sans nuire à autrui… »

Toute sa vie fut animée par la volonté de clamer ses opinions, de débattre sur ses idées ; mais nécessité fut pour lui de fuir à chaque fois les puissances religieuses effrayées par les remises en question qu'induisaient ses théories. Il fera face à la fin et assumera sa condamnation pour immortaliser ses textes et ses idées.

« Le libre exercice de la raison doit se moquer des dogmes religieux, car ils offrent à la pensée un cadre trop étroit. »

J'ai mesuré avec ce roman à quel point ce n'est pas la foi qui mène à l'obscurantisme mais bien les dogmes religieux institués par des hommes pour en contrôler d'autres.

Ce fut pour moi une lecture passionnante et instructive, et j'ai apprécié la plume de l'auteur. J'ai aussi apprécié la grande histoire d'amour avec le sombre Cécil, même si totalement fictive, elle est touchante.

J'ai beaucoup moins apprécié en revanche la misogynie extrême et pas forcément véridique du personnage (les articles divergent sur ce sujet). Certains passages sont vraiment haineux et méprisables, je n'en ai pas saisi l'intérêt.
Autre bémol, la non traduction des nombreuses citations latines qui égrainent les pages. J'ai renoncé rapidement à couper ma lecture pour les chercher. C'est dommage.

Même si cette lecture me parut difficile à certains moments, elle en vaut tout de même largement la peine pour la richesse de son contenu.

Merci à mes chers co-lecteurs pour les échanges, c'est toujours un plaisir de lire en leur compagnie. :)
Commenter  J’apprécie          2412



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}