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Critique de pierrebox


Lorsque l'on lit les premières lignes de la quatrième de couverture, on se prend à croire que l'on a dans les mains un récit de vacances en famille de la même veine que l'excellent et désopilant « Venise n'est pas en Italie », d'Ivan Calbérac.
Mais il n'en est rien. On a très vite compris. Ce road trip familial dans le SUV Peugeot à sept places est d'un tout autre genre, puisqu'on part à six mais qu'on ne reviendra qu'à cinq de ce week-end particulier en Suisse.
Ce roman choral tourne autour du dernier voyage de la maman, atteinte d'une très grave maladie dégénérative et qui a décidé du jour et de l'heure de son suicide assisté. Chacun des participants à cette funeste escapade prend la parole, tour à tour, dans de très courts chapitres, pour exprimer ses doutes, ses souvenirs, ses états d'âme. le papa et les quatre enfants. Tous sont médecins, à l'exception de la benjamine, l'artiste de la famille, un peu décalée mais si attachante. La seule voix que l'on n'entend pas, c'est celle de la maman, une femme forte et volontaire, avide, jusqu'au dernier moment, de liberté. Une femme modeste et admirable qui a su inculquer les plus belles valeurs d'humanité à chacun de ses quatre enfants.
Le mari, qui s'exprime également, médecin généraliste au grand coeur, est peut-être le plus admirable des cinq accompagnants et son courage est immense face à la décision de son épouse qui le bouleverse mais qu'il respecte.
Malgré le contexte, ce roman n'est pas pesant, il est tendre, attachant, même parfois drôle. C'est une belle réflexion sur la vie que nous offre Carole Fives, dans une langue simple et sans chichis, qui exprime avec une justesse poignante les doutes qui étreignent beaucoup de médecins d'aujourd'hui et de toujours, et qui bousculent leur convictions face à la mort à laquelle sont confrontés certains de leurs patients.
Le portrait qui est fait de la maman qui part mourir presque gaiement est saisissant, une femme éprise de liberté, aimante, qui a su entraîner ses enfants vers l'excellence en leur montrant l'exemple, jusque dans son dernier choix.
C'est également une réflexion sur la fin de vie. Doit-on s'imposer et imposer aux autres sa propre déchéance, sa douleur insupportable devant l'inéluctable ? Débat on ne peut plus d'actualité.

Carole Fives nous offre ici, en 140 pages seulement, avec une pudeur infinie, un très grand roman. Bravo.
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