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3.58/5 (sur 1952 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Le Touquet , le 12/11/1971
Biographie :

Carole Fives est une écrivaine, chroniqueuse d’art et plasticienne.

Après une licence de philosophie à l'Université de Toulouse et un master d'arts plastiques, elle obtient le diplôme national supérieur d'expression plastique (DNSEP) des Beaux-arts de Paris.

Elle a commencé à écrire pour expliquer son travail de peintre et depuis elle n’a plus arrêté.

Son premier livre "Quand nous serons heureux" (2010), publié aux éditions Le Passage, est un recueil de nouvelles dans lequel elle dissèque les travers d’une société en quête de modèles. Elle a reçu le Prix Technikart 2009, présidé par Alain Mabanckou.

En 2012, elle fait paraître son premier roman "Que nos vies aient l’air d’un film parfait", aux éditions Le Passage dans lequel elle évoque avec justesse le sujet délicat du divorce et de la fratrie désunie.

En 2013, Carole Fives obtient une résidence dans le New Hampshire aux États-Unis, et achève l’écriture de son roman "C’est dimanche et je n’y suis pour rien", aux éditions Gallimard, 2015.
Fine portraitiste de la famille contemporaine, elle publie "Tenir jusqu'à l'aube" en 2018.

Après des passages par Paris, Bruxelles et Lille, Carole Fives vit désormais à Lyon où elle partage son temps entre les arts plastiques et la littérature.


site de l'auteure : http://carolefives.free.fr/
page Facebook : https://www.facebook.com/carole.fives
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Entretien avec Carole Fives, à propos de son ouvrage Tenir jusqu`à l`aube

01/10/2018

Vous traitez dans Tenir jusqu`à l`aube d`un sujet très contemporain : celui des mères célibataires précaires économiquement. En plus d`être actuel, c`est un phénomène en pleine expansion - le nombre de familles monoparentales étant passé de 9 à 23 % en France en 40 ans. Comment en êtes-vous venue à choisir celui-ci ?

J’ai choisi ce sujet parce que je trouvais qu’il était trop peu abordé en littérature alors que comme vous l’écrivez, les familles monoparentales sont de plus en plus nombreuses. Quand on voit des parents « solo » au cinéma, ou dans les séries télé, voire dans la pub, ils sont toujours présentés de façon très stéréotypée, c’est soit le cliché de la mère Courage, sacrificielle, soit celui de la fille-mère, très jeune et précaire. Je voulais montrer une femme plus proche de celles que je côtoyais, plus humaine : ni une héroïne, ni une exclue.



Comme la chèvre du célèbre roman d`Alphonse Daudet, la narratrice de votre roman prend le risque de fuir (pour quelques minutes puis quelques heures, toujours plus loin) le foyer familial, et son emprisonnement auprès de son fils. Le parallèle avec cet autre livre était-il l`un des points de départ de votre travail d`écriture ?

Le parallèle avec l’histoire de la chèvre de Monsieur Seguin est venu en cours d’écriture. J’ai relu cette nouvelle qui m’effrayait tant étant enfant et j’ai eu l’impression que si on remplaçait « chèvre » par « femme », Daudet y parlait aussi d’émancipation féminine. Que le désir de liberté se solde par la mort m’a toujours paru injuste. Je voulais inventer une fin moins moralisatrice, plus féministe.


On trouve plusieurs registres de langue dans ce roman, de la focalisation interne d`une femme décrivant son quotidien, aux échanges entre mères « solo » sur des forums, en passant par un jeu musical sur certains mots ou expressions. Comment avez-vous abordé et organisé au sein du récit ces différentes facettes de votre écriture ?

Les virées sur internet, comme les fugues de nuit, sont les deux échappatoires de la narratrice. Il me semblait donc important de suivre son évolution, sur ces trois plans : vie quotidienne, recherches Internet, fugues de nuit. L’on en apprend autant sur elle quand on la suit chez l’avocate ou au parc, que lorsqu’elle entre des mots clés sur son moteur de recherche. Et ça m’a passionnée de varier les niveaux d’écriture, de croiser ces différents registres pour faire avancer le récit. L’histoire de la chèvre de Monsieur Seguin, qu’elle raconte à son fils le soir, fait le lien et tout le monde connaît ce conte et son issue tragique.


Les personnages principaux n`ont pas de nom : pourquoi ce choix ?

Afin que chacun puisse se projeter, puisse projeter sa propre histoire dans ce récit.


En plus des contraintes que font peser sur elles l`éducation d`un enfant seule, ce personnage doit aussi affronter le jugement des autres mères et de la société en général lorsqu`elle s`avoue fatiguée de cette vie, découragée. Pourquoi à votre avis cette morale persiste à l`heure actuelle, et pourquoi les hommes n`en font-ils pas les frais également ?

Quand la narratrice ou un autre parent avoue ses défaillances sur Internet, les autres lui donnent des conseils, des astuces. On est dans le domaine du Système D, de la débrouille. Si une mère ne s’en sort pas, c’est qu’elle n’est pas assez organisée, pas assez ceci, pas assez cela. Je voulais montrer que les problèmes que rencontraient les parents célibataires n’étaient pas des problèmes d’organisation, qu’ils étaient structurels : la société n’est pas encore adaptée à ces nouvelles familles. Internet et notamment les forum (en latin : place publique) sont devenus des lieux de surveillance généralisée. Si quelqu’un craque ou avoue son envie de sortir du système, la meute des internautes lui tombe dessus. On passe en quelques secondes de la pseudo-bienveillance à la plus grande violence. Et cette violence vient autant des hommes que des femmes. Les femmes ont du mal aussi à partager ce terrain de la parentalité, du soin et de la petite enfance avec les hommes. Cela a été leur domaine de prédilection pendant des millénaires, il n’est pas évident de lâcher du terrain. De même, les hommes peuvent avoir du mal à investir ce terrain jusqu’alors réservé aux femmes. On est en pleine redistribution des rôles de chacun, mais cela ne se fait pas sans heurts, et sans une certaine pression sociale qui persiste. Ces changements sont passionnants à observer, car ils impactent nos vies, nos corps, l’avenir de nos enfants.


Selon vous, qu`est-ce qu`une mère, ou plus généralement un parent, abandonne en soi lorsqu`il fait face à l`éducation d`un enfant ?

Les parents abandonnent une certaine liberté. L’enfant devient leur priorité, au moins les premières années. Nous vivons aussi une période où la parentalité est idéalisée ; présentée comme une valeur refuge en temps de crise. La pression sociale pour faire des enfants n’a jamais été aussi forte alors même que nous avons les moyens de choisir ou pas de faire des enfants. Mais les jeunes parents sont rarement préparés à ce qui les attend.


Vous dédicacez le livre à votre fils Odilon. Avez-vous vécu ce type de galères en tant que mère ? Quelles sont les réactions de votre entourage par rapport à Tenir jusqu`à l`aube ?

Je n’ai pas connu les mêmes galères que ma narratrice, mais je connais des parents « solo » qui vivent des situations tout aussi dures que l’héroïne de Tenir jusqu`à l`aube.
Heureusement, mon entourage a accueilli avec bienveillance ce livre. Personne n’a même pensé à me demander si j’avais fait des fugues la nuit comme la narratrice !



Carole Fives à propos de ses lectures



Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Enfance, de Nathalie Sarraute.



Quel est le livre que vous auriez rêvé écrire ?

Tu ne t’aimes pas de Nathalie Sarraute.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Le journal d’Anaïs Nin.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Aucun, la lecture est une activité libre, je ne me sens aucune obligation par rapport à un livre ou un auteur.



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Sinon j`oublie de Clémentine Mélois.



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline.



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« La femme libre est seulement en train de naître » (Simone de Beauvoir).



Et en ce moment que lisez-vous ?

Les exilés meurent aussi d’amour, d’Abnousse Shalmani.



Découvrez Tenir jusqu`à l`aube de Carole Fives aux éditions Gallimard, collection L`Arbalète :




Entretien réalisé par Nicolas Hecht.






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« Moi, je ne réalisais pas vraiment ce qu'on allait faire là-bas. On vivait minute par minute, et c'est ça la vie, finalement, c'est : minute par minute, le reste, c'est du vent. » Dans un road trip tendre et déchirant, Carole Fives dresse avec délicatesse le tableau d'un clan confronté à l'indicible et donne la parole à ceux qui restent. Paru aux éditions JC Lattès en août 2023.


Citations et extraits (423) Voir plus Ajouter une citation
Moi, je vois la mort comme une étape de la vie. Ce n’est pas un aboutissement, ce n’est sûrement pas la vie éternelle et toutes les conneries des églises. Édith, c’est comme pour mon grand-frère, comme pour mes parents, elle continuera à vivre à travers nos conversations. Je les ai suffisamment côtoyés tous pour pouvoir prolonger leurs vies à travers nos échanges.
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Tes peintures deviennent des lignes, des pages, tu écris « Je serai peintre », à la ligne, « Je serai peintre », tu le copies cent fois, comme une injonction, un serment. Et plus tu écris « Je serai peintre », plus tu deviens écrivain. Le sens s’installe, les paragraphes en découlent, et la figure devient roman.
(page 115)
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Début des années 2000, à l’École des beaux-arts, on ne touche plus aux pinceaux ni aux pigments. Les étages ont été rénovés pour accueillir les ateliers vidéo, son et multimédia. Les éclaboussures de couleur et les odeurs de térébenthine ne sont plus tolérées, les ateliers de peinture, pour les derniers résistants, ont été déplacés aux sous-sols, dans les caves.
(page 22)
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On apprend toujours de ses échecs, le gâchis n’est pas total, il en restera sûrement quelque chose.
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Ce que l’art conceptuel s’emploie depuis des décennies à détruire, ce que l’art conceptuel refoule depuis des années, éclate sur les toiles de Rothko : l’émotion. Toute l’intelligence du monde ne peut rien y faire, l’art est avant tout une affaire d’émotion.
(page 36)
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La peinture n’est pas morte, Luc, il n’y a que les hommes qui meurent.
(page 173)
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"Comment avait- elle pu penser que le parc fût autre chose qu'un endroit ou mourir à petit feu?
C'était les éternels canards, après l'allée centrale bordée de plates - bandes......puis les bassins poissonneux , l'ours qui tournait sans fin dans son enclos, l'œil hagard , à demi fou....
Ces promenades les sortaient du tête- à -tête permanent, du confinement de l'appartement .....

Ils marchaient, marchaient ....--- quand il montrait des signes de fatigue, il se sauvait , elle le coursait avec la poussette , il trépignait , hurlait -----elle devenait l'ennemie.....et il ne se gênait pas pour le lui faire savoir ...."
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On lui a dit, Maman, on est d’accord, et philosophiquement on te suit. Mais pas question de se mettre en danger. De faire ça de façon illégale. Ou ça risque de finir au pénal. En Suisse, la loi existe depuis 1480, depuis le XVe siècle. Le conseil de l’ordre est contre cette pratique mais le droit helvétique la protège. Ne sont éligibles que les gens atteints de maladie incurable et en pleine conscience de leurs moyens. Tu te donnes la mort, c’est tout.
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Perdre sa mère, c’est devenir définitivement adulte, c’est se dire, je ne peux plus aller chouiner dans les jupes de maman, je n’ai plus qu’à m’assumer.
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Autour de toi, ça s’agite, ça rougit, ça transpire. Les candidats ont extrait moult matériaux de leurs cabas, du polystyrène et du carton, des morceaux de bois ou des pelotes de laine, des bouteilles vides ou du coton hydrophile… Il s’agit maintenant d’assembler ce beau bordel et de produire quelque chose qui ressemble à une sculpture.
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