À force de mâcher des mots invisibles,
ses doigts s’agitaient à les deviner,
un à un,
elle les ramassait au creux de ses mains,
elle les caressait et nous regardait de ses yeux doux,
peur à peur l’angoisse refluait.
Seul le silence me protège du vide.
page 62
Seul le silence me protège du vide.
page 62
Il s’était frotté à cette terre,
bousculé par des hommes effrayés par leurs voix.
Les violons de l'espoir
P 91
Dans ces couloirs balayés par les vents
c’est la peur qui monte de la terre.
La peur comme une empreinte
incrustée dans chaque objet,
sur les vêtements, une odeur tenace,
une odeur de noire fumée, de suie, de tourbe.
Et bientôt viendra l’odeur du chagrin
et sur les draps une ombre,
celle de l’ouvrier devenu soldat à la carcasse vide.
Les violons de l'espoir
P 90
Elle voulait
serrer à chaudes mains le mari perdu,
et lui hacher des mots.
je la regarde craquer ses doigts,
comme des poings posés juste entre des mots.
Me manqueront ses genoux rouges,
et ses mains devenues bleues
La guerre élimine les vivants sans effacer les morts
Les morts auront la paix les vivants le remords.
P 76
Ils ont tiré à blanc ils ont dit qu'il était noir.
Le noir n'est pas rouge,
mais noir de colère,
un cri, une douleur,
un hurlement primal devant le corps inanimé
de son ami Prince Jones.
L'homme a peur
il est blanc comme un linge,
Il est noir la peur au ventre.
Une Colère Noire
La guerre élimine les vivants sans effacer les morts
Les morts auront la paix les vivants le remords
La guerre couve encore la haine est rancunière
La paix s’enfonce encore un peu plus dans l’ornière
La guerre ? Vous n’avez plus que cela à nous dire !
Foutez-nous la Paix !
Il me semblait le connaître comme un ami d'avant.
Ses yeux brillants
sa main toute cabossée reflétait
sur sa peau noire
les fissures de l'aube...
Tu viens des sables
Des vents brûlés par le soleil
Des ciels chauffés à blanc
Des nuits peuplées d'étoiles...