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Critique de DianaAuzou


L'Amour en jachèreLes fissures de l'aube, Alain Fleitour

Deux oeuvres d'Alain Fleitour que je ne peux pas séparer, les deux se confondent, s'entrelacent et se tiennent, pour moi elle sont inséparables, en symbiose. Elles se répondent, l'une est l'écho de l'autre. Et pour en parler, encore moins facile, quels mots choisir, comment les mettre en harmonie, pourquoi ne pas rester muette et laisser mon silence tout dire ?

Mémoire aux souvenirs en charpie, « une brume de frissons s'effilocha dans ma mémoire », déchirures, « foulures, d'espaces » et « luxation, des temps désunis », « un bouquet de pétales fanées » d'une enfance au coeur « foulé ».
Alain Fleitour met des mots habillés en poésie sur les plaies d'une enfance où la vie lui a enlevé celle qui lui avait donné vie. L'écorchure est à vif longtemps après, mais la vie bouillonne, rien ne s'efface, tout se redessine, est touché par la grâce, celle du créateur, de celui qui reconstruit qui s'abreuve à ses propres larmes et aspire leur force et leur douceur. Elle n'est plus là elle est toujours là présente dans tous ses sens, elle lui a donné « le temps pour déployer l'aventure » de l'amour, de la tendresse, de la transmission et de tout ce qu'on appelle vivre.
« J'ai envie de dévorer le mot bonheur
Et partager la faim de nos semailles
Pour rassasier l'amour ».

L'Amour en jachère est l'amour semailles, l'amour reçu comme des graines pour la moisson future qui, à chaque saison fait croire à la fuite des années. Et les mots d'Alain Fleitour qu'il adresse à ses bien aimés trouvent écho chez tous ceux qui les lisent, des mots métaphores et symboles, des mots qui se souviennent et gardent la mémoire, qui rendent hommage à ceux qui furent qui ont marché jusqu'au sommet d'Annapurna pour une « affaire de cordée ».
Beau symbole de liens et de transmission, offrande d'amour par des mots de choix.

La vie pulse dans les mots d'Alain Fleitour comme une arrivée attendue à souffle perdu, ou comme un départ qu'on sent définitif, comme « un fol espoir » ou une « errance », surtout comme vivre, exister, aimer et donner naissance à l'oeuvre qui continuera la vie.
D'hier ou d'aujourd'hui, adressés comme reconnaissance à un être aimé ou estimé, les mots vibrent résonnent et touchent tous ceux qui les chantent en silence, à haute voix, dans la solitude dans l'abandon, dans la joie, et Alain Feitour le dit mieux que moi :
« Pour ne pas oublier
Il y a tant de choses qui vibrent et qui résonnent
Tant de couleurs et de cris
Tant de ciels changeants et tant de douleurs
Tant de mal de vivre
De combattre
A renaître

Il n'est pas encore venu le temps
De laisser les armes
Le temps où mes jambes ne me porteront plus
Lassé de vivre
Blessé à mourir.
Mon esprit aura-t-il l'énergie ?
Nous aurions eu des oeuvres lumineuses à construire
Peindre l'absence
Combattre le silence
Vaincre nos propres renoncements
Se battre encore jusqu' la prochaine stupeur
Jusqu'aux prochains tremblements. »
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