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Critique de adtraviata


Après Comment j'ai vidé la maison de mes parents, lu en 2015 (déjà !?), voici le deuxième volet de la trilogie autobiographique de Lydia Flem. Dans le premier, elle racontait le deuil, le difficile travail de vider la maison (garder, offrir, vendre ou jeter) et elle comprenait que tout ce que ses parents avaient entassé sans jamais rien jeter leur servait sans doute de rempart contre le vide de leurs débuts, marqués par la Shoah.

Après tout ce travail de tri, il reste trois boîtes remplies de lettres soigneusement numérotées. Des lettres écrites surtout entre 1946 et 1949, depuis le moment où Boris Flem rencontre par hasard Jacqueline Esser à Leysin, dans le sanatorium où elle se fait soigner de la tuberculose sévère contractée dans les camps : résistante, elle a été déportée à Auschwitz et a subi les marches de la mort jusqu'à Ravensbrück. Lui n'a plus de famille ou si peu, on ne s'est d'ailleurs jamais bien occupé de lui, il a lui aussi été déporté dans un camp de travail. Une amitié naît, qui se nourrira de longues lettres et qui se transformera en un amour plus fort que la solitude, plus fort que la maladie et la mort.

Cet amour restera fort toute leur vie. Il pèsera lourd aussi sur leur fille unique : Boris et Jacky étaient tout l'un pour l'autre, ils comblaient l'un pour l'autre toutes les pertes que la guerre leur avait fait subir, la fragilité physique de Jacky lui interdisait toute grossesse et pourtant Lydia est née, heureusement bien désirée, pas le fruit du hasard ou de l'oubli.

La maladie a toujours fait partie de la vie de la famille : régulièrement, Jacqueline retournait en Suisse pour des cures ; plus tard, elle gardera de lourdes séquelles d'un accident de voiture. Cela lui a à la fois forgé un moral de battante mais aussi fait surprotéger sa fille.

En lisant et en classant ces lettres, Lydia Flem comprend mieux pourquoi elle a toujours senti qu'elle ne pourrait jamais satisfaire sa mère, si avide d'attention et d'amour. Elle a bien sûr réussi à se construire, elle raconte comment l'imagination et la lecture l'ont aidée.

Au final, ce travail sur les lettres, commencé dans le doute, la crainte de la curiosité malsaine a permis à Lydia Flem de faire son deuil, de mieux comprendre ses parents et de se comprendre elle-même.

Comme pour le premier tome, cette lecture a été très prenante. L'histoire d'amour des parents de Lydia Flem est touchante et l'expérience intime, personnelle de la fille prend des dimensions universelles par la clarté de son regard de psychanalyste, par la bienveillance qui se dégage de l'ensemble du livre.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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