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Critique de jumale



Le ciel en sa fureur



» la vieille porte le monde dans les yeux, les catastrophes. Les grandes découvertes, les guerres, les passions dévorantes, la succession des saisons, la migration des oiseaux, l'éclosion des fleurs, la boue des rivières, les tempêtes et les grandes marées d'équinoxe. Cette femme là n'est pas seulement humaine, elle est animale, végétale, minérale. Elle est la vie.«

Une bourgade entre mer et champs avec son église, ses fermes, ses habitants rugueux et taciturnes

Deux femmes de la ville venues ici pour se reconstruire .

Une plume poétique et romanesque qui nous raconte une terre marécageuse balayée par les vents et les légendes ancestrales et les secrets d'un village français. Adeline Fleury a écrit un roman envoûtant noir et vénéneux où les grenouilles parfois tombent du ciel.

Un roman d'une rugosité barbare, des secrets qui n'appartiennent qu'au village, un village de taiseux, silencieux qui n'accepte pas l'étranger, ceux qui n'appartiennent pas à la terre, à la sueur et le sang qui coulent sur les sillons. La méfiance est permanente.

Julia et Stephane vont devoir faire face, s'unir, se soutenir pour affronter ce village rural. Deux citadines qui ont fui la ville pour se retrancher et fuir leur vie d'avant.

« Une chose est certaine, ce bout de terre entre campagne rude et mer menaçante appartient à un seul petit groupe dont elle ne fera jamais partie, les tempêtes et les champs humides, venteux et boueux ne se laissent pas apprivoiser facilement. Les nouveaux venus devront toujours éternellement, impérativement sans échappatoire payer une taxe à ceux qui y son nés. »

Elles font front face à l'adversité et se trouvent au coeur des légendes et des contes, à la folie meurtrière qui a mutilé le cheval des jumeaux Belley. le premier meurtre atroce sur des animaux, d'autres carcasses seront retrouvées.

Les villageois hurlent au retour du Varou, revenu se venger. Et « l'enfant-fée » qui se trouve toujours à proximité. Une osmose s'installe entre l'enfant et la terre, entre l'enfant et l'inexplicable

On découvre la noirceur des hommes qui savaient mais se sont tus.

Des croyances réelles dans leur irrealité, la peur et les tensions s'installent, l'horrible découverte du passé étreint, on pleure, des larmes de sang et de fureur courrent sur les joues, la pitié s'installe, le gâchis nous tenaille. Et cette terre qui nous prend, fustige , délivre sa colère, sa vengeance sur les villageois. La nature et le ciel s'abattent, se déchaînent, parce que les hommes ont fermé les yeux, un entre-soi bien gardé.

« Ils répondent à la vengeance par la violence , ils avancent poings et armes dressés, leurs cris rageurs emplissent le ciel de colère, le croassement des corneilles les accompagnent, ils ne pourront pas l'anéantir, il est déjà mort plusieurs fois…il incarne la monstruosité derrière le masque fragile de l'humanité «

Il y a une fulgurance dans les mots de l'auteure, une poésie dans l'horreur. Des êtres attachants, fascinants qui nous donnent la main et nous font parcourir cette terre où le mysticisme rejoint l'abonimation, le surnaturel amène l'épouvante.

Un livre intense et émouvant . Court et fluide. Une écriture sans concession efficace. Une plume magnétique. Une puissance dans l'écrit.

En 250 pages Adèle Fleury nous a gravé au coeur l'histoire du Varou et de l'enfant fée.

Mon premier coup de coeur de cette rentrée 2024.

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