Citations sur Histoire dessinée de la France, tome 10 : Sacrées guerres.. (2)
On est tous voisins. Pas loin de la vallée de misère. Le massacre, on l'a fait ensemble. On s'est entrainés les uns les autres. Mais au fond , on n'a fait qu'obéir à Dieu. Nous sommes de simples guerriers de Dieu.
Quelle période a-t-elle plus inspiré les français, accueilli plus d'interprétations contradictoires que celle des guerres de Religions ? Dès le lendemain de l'édit de Nantes (1598), l'époque fournit un inépuisable réservoir d'exemples, intarissable source de réflexions pour les siècles suivants.
LE LAPIN ET LE CAMÉLÉON
«Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs», ironise l'historien Howard Zinn. Que l'histoire soit écrite par les vainqueurs est une thèse bien établie, que le récit des guerres de Religion vient pourtant nuancer. Car, avec la victoire d'Henri IV, qui triomphe : catholiques ou protestants ? Et qui se retrouve au tableau de chasse : huguenots ou ligueurs ? Quand, après le débâcle de la Ligue, le récit dominant des guerres de Religion se fixe, c'est celui des «politiques» qui s'impose, de Jacques-Auguste Thou à l'ancien ligueur Pierre Matthieu (1563-1621), puis l'historiographe de Louis XIV, Eudes de Mezeray (1610-1683) : une lecture canonique se fige, qui accuse les motivations religieuses d'avoir servi de cache-sexe aux ambitions des Grands. Chanter les Bourbons, c'est désenchanter les guerres de Religion. S'impose une histoire de palais, nouée d'intrigues d'alcôve, de coups bas et de hauts faits. [...]