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Critique de Luniver


Je suis passé plusieurs fois devant le rayon avant de me décider à prendre ce livre au titre si accrocheur et à la couverture si moche (blanc sur vert, titre pas très lisible, ce n'est pas très réussi). Heureusement, le contenu était nettement mieux que l'emballage.

L'auteur se pose tout d'abord la question sur la frontière entre les animaux de compagnie et les animaux à manger, qui ne repose sur aucun critère objectif : nous mangeons de la vache et sommes horrifiés à l'idée de manger du chat ou du chien, tandis que de l'autre côté du globe, on mange du chien et on est horrifié à l'idée de manger de la vache.

On abandonne ensuite la question générale pour s'occuper de la situation actuelle : doit-on manger de la viande issue de l'élevage industriel ? L'auteur s'y refuse et met en avant quatre arguments principaux : tout d'abord, les conditions de vie des animaux. Même les gens qui mangent de la viande reconnaîtront qu'ils préfèrent éviter à l'animal des souffrances inutiles. Or, les animaux vivent entassés dans des cages, souvent sans voir la lumière du soleil et sans jamais marcher sur de la terre. Les conditions de transport et d'abattage sont également catastrophiques.

Le deuxième argument porte sur la santé des consommateurs : les poulets sont génétiquement modifiés pour grossir plus rapidement, mais leur constitution en est affaiblie : conséquence, on leur bourre d'antibiotiques, on les nourrit à l'hormone de croissance pour qu'ils atteignent un poids acceptable en un minimum de temps : tous ces produits resteront présents dans la viande que l'on consommera plus tard. le confinement des animaux favorise également l'apparition de pandémies.

Un des principales objections des industriels est le faible coût de la viande ainsi produite. L'auteur conteste cet argument en mettant en évidence les coûts engendrés par l'industrie que la société supporte, principalement la pollution : stockage du lisier, incinération des bêtes mortes, … Au final, si le prix au kilo de la viande est faible, le citoyen supportera les dommages collatéraux au travers des taxes.

Le dernier argument contre l'industrie alimentaire porte sur les conditions de travail des employés : faible salaire, travail à la chaîne et déshumanisant qui les conduit parfois à faire preuve de cruauté sur les animaux qui arrivent entre leurs mains.

Le plaidoyer est plutôt convaincant, il est difficile de nier en bloc les arguments avancés. Jonathan Safran Foer va au bout de ses idées puisqu'il annonce à la fin du livre qu'il compte créer un abattoir pour que les bêtes soient tuées dans de meilleures conditions, tout en restant lui-même végétarien.

Là où le bât blesse, c'est sur le manque de solutions proposées. C'est sans doute une volonté de l'auteur, qui ne veut pas mélanger les différents débats, et se refuse à mettre le végétarisme en avant. Cependant, si on pousse le raisonnement jusqu'au bout, l'agriculture présente les mêmes caractéristiques que l'élevage, souffrance des animaux exceptée : érosion des sols, utilisation de pesticides et d'engrais en grande quantité, plantes génétiquement modifiées.

Le livre présente la situation des États-Unis uniquement. On peut se poser la question de savoir ce qu'il en est exactement en Europe. On sait que l'Union Européenne impose des règles plus strictes pour les élevages, mais est-ce que ça améliore réellement la situation ?

Ce livre ne m'a pas converti au végétarisme, mis à part la semaine qui a suivi la lecture de l'essai, qui m'a littéralement coupé l'appétit ! Cependant, j'ai réduit ma consommation de viande, je fais un peu plus attention aux étiquettes et aux labels et j'ai intégré dans mon alimentation «de base» des plats végétariens. Une demi-victoire pour l'auteur !
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