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sur 486 notes
Je suis passé plusieurs fois devant le rayon avant de me décider à prendre ce livre au titre si accrocheur et à la couverture si moche (blanc sur vert, titre pas très lisible, ce n'est pas très réussi). Heureusement, le contenu était nettement mieux que l'emballage.

L'auteur se pose tout d'abord la question sur la frontière entre les animaux de compagnie et les animaux à manger, qui ne repose sur aucun critère objectif : nous mangeons de la vache et sommes horrifiés à l'idée de manger du chat ou du chien, tandis que de l'autre côté du globe, on mange du chien et on est horrifié à l'idée de manger de la vache.

On abandonne ensuite la question générale pour s'occuper de la situation actuelle : doit-on manger de la viande issue de l'élevage industriel ? L'auteur s'y refuse et met en avant quatre arguments principaux : tout d'abord, les conditions de vie des animaux. Même les gens qui mangent de la viande reconnaîtront qu'ils préfèrent éviter à l'animal des souffrances inutiles. Or, les animaux vivent entassés dans des cages, souvent sans voir la lumière du soleil et sans jamais marcher sur de la terre. Les conditions de transport et d'abattage sont également catastrophiques.

Le deuxième argument porte sur la santé des consommateurs : les poulets sont génétiquement modifiés pour grossir plus rapidement, mais leur constitution en est affaiblie : conséquence, on leur bourre d'antibiotiques, on les nourrit à l'hormone de croissance pour qu'ils atteignent un poids acceptable en un minimum de temps : tous ces produits resteront présents dans la viande que l'on consommera plus tard. le confinement des animaux favorise également l'apparition de pandémies.

Un des principales objections des industriels est le faible coût de la viande ainsi produite. L'auteur conteste cet argument en mettant en évidence les coûts engendrés par l'industrie que la société supporte, principalement la pollution : stockage du lisier, incinération des bêtes mortes, … Au final, si le prix au kilo de la viande est faible, le citoyen supportera les dommages collatéraux au travers des taxes.

Le dernier argument contre l'industrie alimentaire porte sur les conditions de travail des employés : faible salaire, travail à la chaîne et déshumanisant qui les conduit parfois à faire preuve de cruauté sur les animaux qui arrivent entre leurs mains.

Le plaidoyer est plutôt convaincant, il est difficile de nier en bloc les arguments avancés. Jonathan Safran Foer va au bout de ses idées puisqu'il annonce à la fin du livre qu'il compte créer un abattoir pour que les bêtes soient tuées dans de meilleures conditions, tout en restant lui-même végétarien.

Là où le bât blesse, c'est sur le manque de solutions proposées. C'est sans doute une volonté de l'auteur, qui ne veut pas mélanger les différents débats, et se refuse à mettre le végétarisme en avant. Cependant, si on pousse le raisonnement jusqu'au bout, l'agriculture présente les mêmes caractéristiques que l'élevage, souffrance des animaux exceptée : érosion des sols, utilisation de pesticides et d'engrais en grande quantité, plantes génétiquement modifiées.

Le livre présente la situation des États-Unis uniquement. On peut se poser la question de savoir ce qu'il en est exactement en Europe. On sait que l'Union Européenne impose des règles plus strictes pour les élevages, mais est-ce que ça améliore réellement la situation ?

Ce livre ne m'a pas converti au végétarisme, mis à part la semaine qui a suivi la lecture de l'essai, qui m'a littéralement coupé l'appétit ! Cependant, j'ai réduit ma consommation de viande, je fais un peu plus attention aux étiquettes et aux labels et j'ai intégré dans mon alimentation «de base» des plats végétariens. Une demi-victoire pour l'auteur !
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La question posée dans le titre du livre laisse déjà présager de la réponse de l'auteur. L'avis du lecteur, qui acceptera de consacrer quelques heures de son temps libre à l'étude de la question, est également fortement pressenti, et s'il n'est pas le même que celui de l'auteur, il est prêt en tout cas à subir quelques évolutions qui tendront à le rejoindre.
Si l'intérêt de ce livre ne tient donc pas uniquement à la conversion plus ou moins réussie d'un lecteur à l'opinion plus ou moins devinée de l'auteur, il faut tout de même lire ce Faut-il manger les animaux ?. Sous la forme d'un essai à visée écologique, ce livre relève finalement et surtout du roman et est imprégné des talents d'écrivain de Jonathan Safran Foer. Sommes-nous soumis à la manipulation lors de notre lecture ? Pas impossible, et ce d'autant plus que Foer se donne des airs de scientifique et de reporter objectif avant de glisser discrètement, au creux de sa démonstration, un ou deux paragraphes presque subliminaux, capables de faire pleurer le plus insensible des carnivores.


Ce qui est étonnant avec Jonathan Safran Foer, c'est qu'il insiste sur le fait qu'il n'est absolument pas certain de la pertinence de sa conversion au végétarisme, tout en essayant de convaincre son lecteur qu'il s'agit du meilleur choix qu'il soit possible de faire. Situation un peu paradoxale dans laquelle Foer s'empare du rôle de martyre –le seul être humain acceptant de sacrifier sa ration de chair quotidienne- pour mieux accuser ses lecteurs (les non-végétariens) de ne pas calquer leur conduite sur la sienne. Ce n'est peut-être pas fait exprès mais Foer semble ne pas être très sûr de lui lorsqu'il affirme que, suite à ses enquêtes, il ne pouvait pas faire d'autre choix que celui de devenir végétarien.

Peut-être cherche-t-il déjà à prévenir les attaques qui pourraient surgir s'il décidait plus tard de revenir sur sa décision et de retrouver le confort d'une alimentation normée ?
Cette situation marque bien le fait que son livre n'est pas un essai purement théorique puisqu'il fait jouer l'engagement personnel de son auteur ainsi que ses sentiments et idées personnelles. A côté du développement technique de l'argumentation vient donc s'ajouter un aspect plus narratif qui donne presque un second intérêt au livre : Jonathan Safran Foer va-t-il réussir ou non à relever durablement le défi du végétarisme ? Ne finira-t-il pas par craquer, comme ce fut déjà le cas lorsqu'il tenta une première fois de devenir végétarien au cours de son adolescence ?

Quoiqu'il en soit, pas question de lire ce livre uniquement dans l'objectif de trouver une réponse à cette question. La plus primordiale est celle qui concerne le sort des animaux dans l'industrie alimentaire et, comme la plupart le sait déjà, elle concerne aussi l'espèce humaine dans ses rapports avec les autres et les institutions, ainsi que l'économie et l'écologie prises dans le sens large.
L'enquête menée par Jonathan Safran Foer est profondément originale car elle s'inscrit dans une démarche personnelle. Les informations récoltées proviennent donc de sources très variées et parfois un peu éparses, mais assurent de nombreuses découvertes. le tout est renseigné avec beaucoup de précision –impossible donc de dire que Foer se base sur des sources frauduleuses ou dont la fiabilité laisse à désirer. Même ceux qui s'intéressent depuis longtemps à l'industrie agroalimentaire devraient s'étonner à la lecture des récits d'infiltration de couveuses ou d'abattoirs. Cerise sur le gâteau, Foer sait manier les images avec la puissance qui convient à son statut d'écrivain, et il en use avec une extrême justesse pour produire des comparaisons ou des aperçus choquants de la situation actuelle :

« Que se passerait-il si l'étiquetage d'un produit indiquait combien d'animaux ont été tués pour que celui que nous voulons manger se retrouve dans notre assiette ? Eh bien, pour ce qui concerne les crevettes d'Indonésie, par exemple, on pourrait lire sur l'emballage : POUR 500 GRAMMES DE CREVETTES, 13 KILOS D'AUTRES ANIMAUX MARINS ONT ETE TUES ET REJETES A LA MER. »


« Imaginez que l'on vous serve une assiette de sushis. Si l'on devait y présenter également tous les animaux qui ont été tués pour que vous puissiez les déguster, votre assiette devrait mesurer un peu plus d'un mètre cinquante de diamètre. »

De quoi faire réfléchir en tout cas. Et de quoi inciter à regarder autrement ses crevettes sauce calypso…

Faut-il manger les animaux peut être critiqué pour la conclusion « naïve » qu'il tire à la fin de sa démonstration. Ce serait avoir mal lu le livre, car Jonathan Safran Foer, qui connaît ce penchant caractéristique de l'être humain à tourner la moindre manifestation d'empathie en dérision, s'est déjà prémuni des critiques qu'on pourrait lui adresser à ce sujet. Il le fait de manière très intelligente, non pas en se défendant de n'avoir jamais eu un pincement au coeur à l'idée de manger un animal sacrifié pour son confort personnel, mais en revendiquant au contraire cette sensibilité qui lui a permis de remettre en question des habitudes de vie portées par des générations avant lui. L'autre questionnement porté implicitement par le livre serait le suivant : pourquoi serait-il mal de faire parfois preuve de compassion envers la souffrance d'un autre être vivant ? La sensibilité est-elle vraiment le sentiment le plus ridicule qu'il soit possible d'éprouver ?


« La sentimentalité est généralement considérée comme une attitude irréaliste, une preuve de faiblesse. Très souvent, ceux qui expriment leurs préoccupations (ou même un simple intérêt) à l'égard des conditions dans lesquelles les animaux de boucherie sont élevés se voient traiter de sentimentalistes. Pourtant il vaut la peine de prendre un peu de recul et de se demander qui est le sentimentaliste et qui est le réaliste. »


Si Jonathan Safran Foer ne convainc pas forcément son lecteur de se convertir au végétarisme, il donne toutefois une autre idée du végétarien, loin des clichés de la virulence et de la pugnacité que certains peuvent parfois leur prêter. Être végétarien n'est pas une décision irréversible. Elle implique le jugement d'un homme à un moment donné de son existence, et durera le temps qu'il aura envie de porter ses convictions. Alors, naïf Safran Foer ? A mon avis, simplement lucide et, bien entendu, sensible.


« Si plus rien n'a d'importance, il n'y a rien à sauver. »
Lien : http://colimasson.over-blog...
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A la lecture du titre, on pourrait se dire que la réponse est non, et que donc c'est inutile de le lire, au risque de retrouver quelques scènes peu ragoutantes comme on en trouve sur Internet où dans des reportages télé. Ce n'est pas si simple que cela. La question est en fait celle d'un jeune père, qui veut savoir ce qu'il doit proposer comme nourriture à son fils. Et pour cela, il étudie la question avec soin et honnêteté. L'argumentaire est très bien construit, sans pour autant, quand cela est possible, être dénué d'humour (pourtant peu de situations portent à rire...). Impossible après cela de dire qu'on ne savait pas. Ce soir ce sera légumes....
Après une nuit peuplée de rêves agités, car ce livre est dérangeant :
Si je souscrit à sa thèse, il faut quand même noter que ces pratiques ne sont pas répandues à ce point en France. j'habite dans une zone rurale, et je connais bien lesvaches de mon amie Annyvonne, qui ont un nom, qui sont soignées quand elles sont malades (ce qui est rare) qui passent leur journée dans les champs autour de la ferme et semblent heureuses le soir de rentrer pour la traite. Je vois aussi tous les jours ces grands terrains oû gambadent et picorent des poulets. Par contre je ne connais rien de leur condition d'abattage....
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"Faut-il manger les animaux ?" titre l'ouvrage en version française - dommage que l'on n'ait pas gardé la signification du titre original, à savoir "De Manger les animaux" (eating animals). le titre VF pose une question, à laquelle on peut répondre oui ou non. le titre VO pose un constat. Un constat sans appel, celui que l'auteur nous dévoile tout au long du livre. L'auteur, devenu père, se pose la question de ce qu'il va donner à manger à son fils. Ayant parfois tâté du végétarisme, sans jamais s'y tenir, le fait de devenir père révolutionne sa vie. Alors, il se lance dans une enquête, visite les lieux où sont fabriqués la viande vendue en supermarchés. Bienvenue dans le système agro-alimentaire industriel américain, bienvenue aux portes de l'Enfer ! Celui des animaux mais aussi le nôtre - car l'enquête de l'auteur le révèle, les conséquences sont *aussi* pour les hommes (dégradation de l'environnement, apparition de microbes résistants, risques sanitaires élevés, ....). bref, un constat alarmant. Certes, entièrement étatsuniens, mais ne copions nous pas sur leur modèle ?
A noter aussi que l'auteur tient à interroger toutes les parties. Les témoignagnes abondent, et l'auteur est aussi allé à la rencontre des rares et derniers éleveurs traditionnels qui sont si attachés à leurs animaux qu'ils leur demandent pardon lorsque vient l'heure fatidique de les envoyer à l'abattoir... tout en veillant à en trouver un correct.
Vient enfin les conséquences mondiales de cet immense gâchis, du à la course au profit, encore, quelqu'en soit le prix. Sauf que, comme le souligne l'auteur, la viande à bas prix que l'on achète dans notre hypermarché ne comporte aucune étiquette nous prévenant que le véritable prix à payer est, lui, énorme, et dure des années...
A lire absolument ! !!
Pour ma part, il me fait revoir ma façon de manger. Ce qu'il y a dans notre assiette a des conséquences sur nous et sur le monde. Je ne peux plus l'ignorer, maintenant.
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J'ai eue pour Noël parmi mes cadeaux le roman « Faut-il manger les animaux ? » écrit par l'écrivain juif américain Jonathan Safran Foer (l'un de mes auteurs préférés, si ce n'est mon auteur favoris). Et dès le lendemain après l'avoir reçu, j'ai commencé à le lire parce qu'il me tentais depuis tellement longtemps... Et je l'ai fini deux jours plus tard. Oui, je l'ai dévoré, et j'avoue que ces deux nuits, j'ai pas très bien dormis. Ce que j'ai lu dans ce livre m'a pas mal dérangé, mais en faites, je m'y attendais un peu, puisque je ne suis pas sans savoir la souffrance que subissent les animaux afin de nous nourrir. Mais ceci n'est qu'une introduction, je vous en dirai plus dans le contenu de la chronique qui va suivre.

Un résumé accrocheur, une première de couverture appréciable, et l'écrivain de ce livre n'est autre que mon auteur préféré. Que demander de plus. Bref, je me faisais vraiment une joie de lire ce roman, j'avais déjà tellement lu d'avis dessus, et lorsque je l'ai reçue pour à Noël, ni d'une ni deux, je l'ai tout de suite lu. Et à la lecture du résumé, je suis persuadée que vous vous êtes mis dans la tête l'idée que ce sera un plaidoyer pour le végétarisme. Alors c'est exact, en quelque sorte. Mais c'est surtout un plaidoyer contre le fait de manger des animaux en batterie, avant tout. Et bien que ce soit un plaidoyer, c'est aussi avec des histoires, l'histoire de Jonathan Safran Foer (l'auteur) et de son rapport avec la nourriture, l'histoire de sa grand-mère, le témoignage d'hommes qui ont travaillés dans des élevages industriels, etc. Et des faits, rien que des faits. Mais des faits qui choquent, qui nous sont désagréables, qui remettent tout un système et toute une manière de penser en question : des faits sur les animaux que nous mangeons et que nous autorisons nos enfants à manger, des faits sur les effets que cela a sur nous et sur la planète, ce qui pourrait arriver si nous continuons comme nous faisons actuellement.

Mais outre cela, il y a le bien-être des animaux, et je vous avoue que, même en sachant un peu ce que subissent les animaux dans les élevages industriels avant d'avoir lu le livre, j'ai étais rongé par cette cruauté qui nous y est décrite. La simple vérité, il s'agit seulement de la vérité, de ce qu'il se passe. Et aussi des statistiques effrayantes : 99% des animaux qui sont mangé aux États-Unis proviennent d'élevages industriels (95% en France, il me semble), l'élevage industriel est responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre (soit le plus gros responsable des émissions de gaz à effet de serre, bien avant la totalité du secteur du transport), plus de 95% des poulets ont été victime d'une contamination à E. Coli durant leur élevage et entre 35 et 75% des poulets qui sont vendus dans le commerce en sont toujours infecté, etc. Je ne vais pas tout vous dévoiler, mais ce livre fait réellement peur sur ce qu'il y a dans nos assiettes. On est malade car on mange des animaux malades, on développe des maladies qui se soignent de plus en plus mal parce qu'on mange des animaux bourrés de médicaments. Et tout le monde se doute bien que ce que nous avons dans nos assiettes n'y est pas pour rien. Que manger des animaux infectés par diverses maladies potentiellement mortelles (E. Coli, Salmonelle, et j'en passe), nourris aux antibiotiques, génétiquement modifiés pour grandir et grossir le plus vite possible, ça n'a rien d'anodin pour notre propre santé. Bref, je n'en dirai pas plus, je ne vais pas vous gâcher tous les plaisirs de cette lecture en vous donnant tous les éléments de l'histoire, voyons ! Mais honnêtement, je me répète peut-être, mais ça remet clairement en question notre manière de voir la nourriture. Et pour ma part, tout cela m'a dégoûté de manger des animaux. On ne peux pas se dire aimer les animaux et en manger (sans se voiler les yeux sur la vérité sur les élevages industriels) . On ne peut pas se dire écologiste et manger des animaux. Ce n'est que mon avis, et ce que je pense après avoir lu ce récit.

A vrai dire, même si il ne s'agit pas d'un roman de fiction, j'ai retrouvé Jonathan Safran Foer dans ce livre tout de même. Dans sa manière d'écrire et sa manière de faire un livre, dans sa plume toujours très belle et toujours très vraie. Cette manière toujours très vivante, toujours très différente, d'écrire un récit. Et ici, bien que ce soit une enquête, il a réussi à faire ça sous forme de récit, qui se lit très bien, avec de la profondeur. Il réussi à émouvoir le lecteur et à le remettre en question. Et il est impossible, dans le fond comme sur la forme, de rester indifférent à ce livre.

Pour ma part, et comme pour tous les romans de Jonathan Safran Foer, il s'agit d'une grosse claque. Et je ne peux vraiment que conseiller ce roman à tout le monde, que ce soit les curieux ou les végétariens, jusqu'aux grands mangeurs de viande qui ne se voient pas sans. Je le conseille à ceux qui n'ont pas peur de voir la vérité en face et qui sont prêt à se remettre en question. Je vous préviens que ce roman ne fait pas rire, et qu'il ne vous laissera pas de marbre, sans doute serait un peu mal à l'aise en le lisant, parce qu'il s'y passe n'est pas des plus réjouissants. Vous serez sans doute révulsé, dégoûté, par ce que vous lisez parce que c'est terrible ce qu'il se passe. Et peut-être même remettrez vous en cause votre rapport avec la viande. En tout cas, « Faut-il manger les animaux ? » ne pourra pas vous laisser indifférent, j'en suis persuadé. Alors, n'hésitez plus, tentez !
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Très instructif et très convaincant ! Vive les légumes, les fruits et les céréales ! A bas les fermes-usines de l'élevage intensif qui maltraitent les animaux et les traficotages génétiques qui fabriquent des bêtes qui ne savent même plus être autonomes et qui n'ont que de la graisse sur les os !
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n'oublions pas que nous sommes des carnivores.
Evitons la culpabilisation à outrance mais réfléchissons sereinement
à l'avenir sans viande : place aux protéines végétales ?
place à l'écologie joyeuse
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J'ai été bouleversée par cet ouvrage au point que j'ai décidé de devenir végétarienne depuis un bon mois. Les arguments avancés par l'auteur m'ont énormément touchée et j'ai complètement revu ma manière de vivre. Mon compagnon affirme que c'est une belle illustration du fait que les livres peuvent changer le monde. Je remercie Safran Foer car le végétarisme a toujours été une "option éthique" qui me tentait, et il a su me mettre en tête des mots qui m'ont fait basculer de l'autre côté.
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En voyant le titre de ce bouquin, je me suis dit : « Tiens, un pamphlet végétarien ». Beaucoup se sont visiblement fait une remarque similaire. C'est d'ailleurs un des premiers points qu'aborde Jonathan Safran Foer, et selon lui c'est très révélateur : si autant de monde présuppose que poser la question « Faut il manger les animaux » amène inévitablement à une réponse végétarienne, c'est qu'il y a partout – plus ou moins confusément – le sentiment que quelque chose ne va pas avec la manière dont est « produite » notre nourriture aujourd'hui.

Comme il l'explique lui-même, Jonathan Safran Foer s'est toujours posé des questions sur son rapport à la nourriture. Tenté par le végétarisme, qu'il a expérimenté à quelques périodes, il n'a jamais vraiment réussi à faire un choix définitif. D'un coté, manger de la viande ne lui apparaissait pas forcément souhaitable et rarement éthique ; de l'autre il avait bien conscience que le partage de la nourriture est bien plus qu'un moyen de vivre (se nourrir) : par exemple sa grand mère qui ne savait témoigner son amour qu'en faisant de grands repas carnés à ses petits enfants.

C'est la naissance de son fils qui va faire naitre chez l'auteur un besoin d'enquêter pour alimenter ses réflexions. Stop aux philosophies abstraites – qu'elles soient végé ou pro-viandes – sur la bouffe, il voulait voir concrètement, sur le terrain, ce que ça implique de manger des animaux.

Jonathan Safran Foer a donc contacté plein de monde. Des assos écolos, des entreprises commerciales de l'agro-alimentaire, des petits producteurs, des abattoirs de toutes tailles.... le premier constat auquel il est bien obligé de se plier, c'est qu'il est extrêmement compliqué – aux États Unis – de visiter directement les élevages de volailles, porcs, bovins. Les industriels (les fermiers en fait, mais peut on encore parler de ferme quand on s'occupe de plusieurs milliers de volailles sous des hangars ? cela tient davantage de l'usine) refusent tout le temps de montrer au public leur façon de faire. Il va donc rentrer en douce dans les élevages... et raconter ce qu'il voit.

Ce livre m'a plusieurs fois donné des hauts le coeur. Il est extrêmement dur. Par la violence de ce qu'il nous montre : la réalité des élevages industriels, et de ce qu'on y fait aux animaux.

L'auteur veut nous mettre face à ce constat simple qu'on oublie pourtant depuis que nous vivons plus aux cotés des animaux que nous mangeons (comme nos grands parents dans les fermes traditionnelles) : manger de la viande, c'est d'abord un animal que l'on tue. En soi, ce n'est pas forcément un problème (on peut considérer que tuer un animal pour le manger est normal) ; mais il s'agit de ne pas fermer les yeux sur cette mort, de bien regarder en face COMMENT on les tue aujourd'hui ces animaux.

Parce que l'élevage industriel (soit 99% de la production de volailles aux Etats Unis, et des taux aussi très importants pour les ovins et les bovins), c'est d'abord, comme son nom l'indique, considérer l'élevage comme une industrie. Et donc les animaux comme des objets, ou des machines. C'est leur dénier le statut d'êtres vivants. Et tout ce que ça implique – en terme de conditions d'élevage, de nourriture, de transport, de mise à mort.

En terme de reproduction aussi, puisque à force de faire croiser les animaux et créer des races de plus en plus artificielles, on a mis au point des poulets très rapidement obèses, incapables de marcher comme de se reproduire sans assistance humaine, et tout le temps malade. J'ai bien retenu : l'industrie a rapidement compris qu'entretenir des animaux sains est beaucoup moins rentable qu'organiser la gestion de bêtes tout le temps malades.

Donc d'une part on mange des animaux gavés de médicaments, ce qui n'est pas bon pour notre santé ; de l'autre on participe à ce système cauchemardesque de torture animale systématique, ce qui pose de sérieux problèmes éthiques qu'on ne peut refouler qu'à condition de fermer les yeux sur ce système.

Voici donc un livre très fort. Un peu comme l'auteur, j'étais tenté par le végétarisme sans m'y être jamais vraiment tenu. Après ce bouquin, je me sens incapable de manger de la viande sans connaitre directement la façon dont a été élevé le poulet ou le veau.

Au dela de la souffrance animale, il y a aussi l'impact écologique de la consommation de viande industrielle : "Le secteur de l'élevage industriel participe au réchauffement planétaire pour 40 % de plus que l'ensemble des transports dans le monde."

L'avantage que j'ai – que nous avons – c'est de vivre en France. Ici la situation n'est pas si catastrophique qu'aux USA où, en l'espace de deux générations seulement, les élevages industriels ont accaparé 99% des parts de marché, réduisant à quasi rien l'existence des fermes tradi où les conditions pour les animaux sont bien meilleures. En France donc existe encore une agriculture de proximité. Elle demande certes de sortir des chemins des grandes surfaces, d'aller davantage vers les Amap, les « Ruches » ou tout autre circuit court, mais au moins elle existe.

Comme le dit si bien l'auteur, manger est un acte qui concentre énormément de dimensions. Cela va bien au delà du simple fait de se nourrir pour survivre. Je crois que nous en avons tous conscience. Aussi il est de notre responsabilité de bien manger – c'est un choix éthique.

En bref : un livre bouleversant.
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Avec un titre pareil, à quoi s'attendre: un essai philosophique sur le droit des animaux? Un plaidoyer pour le végétarisme? Il y a un peu de ça, mais pas seulement: on y trouve aussi une enquête sur la façon dont la viande dont nous nous nourrissons est élevée puis abattue avant d'arriver dans nos assiettes, et un questionnement sur notre rapport à la nourriture en générale, la viande en particulier. Jonathan Safran Foer s'appuie sur des données statistiques aussi bien que sur ses propres souvenirs et interrogations. L'auteur étant Etats-unien, le livre porte essentiellement sur l'élevage industriel aux Etats-unis, et je finis ce livre en me demandant dans quelle proportions notre système français est semblable à l'effrayant tableau dépeint par Foer. Quoi qu'il en soit, le bilan sans nul doute transposable de cet essai est que, si l'on ne passe pas le cap du végétarisme, le minimum serait de devenir des omnivores résolument sélectifs, c'est à dire des consommateurs informés et conscients, responsables de leurs choix. Un essai brillant, qui allie le sérieux d'une véritable investigation sur le sujet et une écriture limpide aux qualités réellement littéraires, qui évite le moralisme tout en provoquant une réflexion chez le lecteur. Aussi instructif qu'agréable à lire!
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