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Critique de Luniver


La situation est embarrassante pour le baron de Bellerocaille : il a condamné à mort, comme il se doit, un cuisinier coupable d'un meurtre particulièrement atroce, mais il n'y a aucun bourreau à l'horizon, tous sont retenus ailleurs ou retardés par des brigands de grand chemin. La populace gronde, une solution de rechange devient urgente.

Justinien saisira l'occasion : condamné aux galères jusqu'à ce que mort s'ensuive pour avoir cru sur parole les jolis yeux d'une saltimbanque, il choisit d'apprendre sur le tas le métier de bourreau en échange de sa grâce. Les débuts dans le métier sont difficiles, l'ostracisme social qui accompagne tout ceux qui travaillent un peu trop près de la mort est ressenti comme une injustice. Mais Justinien ne manque pas de ressources, et découvre que les préjugés, quand on les manie bien, peuvent se retourner contre ceux qui les possèdent.

La seconde partie du roman se déroule sept générations plus tard : Justinien a fondé une véritable dynastie de bourreaux, chaque père transmettant ses secrets à son fils aîné. Autant dire que la population ne peut pas grand chose contre cent cinquante ans d'expérience dans la manipulation des superstitions. L'horizon s'obscurcit pourtant pour la famille : les décrets s'accumulent pour la limitation des condamnations à mort, et son abolition pure et simple n'est plus très loin. Mais les Pibrac ne se rendront pas sans un dernier baroud d'honneur.

Un roman historique sur les bourreaux avait déjà tout pour me plaire, réussir à y mêler en plus un humour délicieusement noir est juste jubilatoire ! Les personnages sont très charismatiques, et l'auteur parvient à retourner des situations macabres en mortifiant les gens qui les ont provoquées. Devoir laisser Justinien pour aller observer sa descendance est un peu difficile sur le coup, tant l'envie est grande de prolonger l'aventure avec lui. Ceci dit, les arrières-arrières-arrières-petits-fils ne manquent pas non plus d'intérêt. Tout acquis à leur cause, on se surprend, l'espace d'un instant, à s'indigner aussi contre la disparition de la guillotine sur la place publique.
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