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Critique de umezzu


umezzu
12 décembre 2023
Cet épais roman de Ken Follett constitue quelque part la saison 5 de sa série de récits autour de la ville (fictive) de Kingsbridge. Après les invasions viking, le moyen-âge, et le temps de la Réforme religieuse, vient la fin du XVIII éme et le début du XIX éme siècle. Aux guerriers, architectes et religieux, succèdent les ouvriers tisserands et les patrons de filatures, à une époque où le progrès technique permet d'imaginer les premières machines, d'abord simples engrenages actionnés par l'eau de la rivière voisine, puis premières machines à vapeur. Une source de profits supplémentaires pour les uns, le spectre du chômage pour les autres.

Dès les premières pages le schéma de construction propre aux ouvrages de Follett est là : ouvriers cherchant à nourrir leur famille face à des propriétaires terriens ou d'usines sans coeur ni remords, accompagnés comme d'habitude du fils de famille un peu dissident, ouvert aux idées nouvelles, ou du jeune garçon qui trime dès sa jeunesse dans les ateliers et qui se révèle un génie de la mécanique. Les espoirs des uns se heurtent aux conventions sociales et aux intérêts individuels des autres.

Le temps n'est pas favorable aux contestations. le roi et ses ministres s'inquiètent d'une possible contagion des idées de la Révolution française. le temps avançant, la frénésie révolutionnaire s'estompe, mais c'est un jeune général corse qui leur paraît des plus dangereux. Il faudra mener bien des coalitions internationales pour le stopper dans une morne plaine belge.

Un Follett ne serait pas un Follett sans la construction d'amours croisés ; amours impossibles ou non partagés. Les nobles et les riches commerçants bâtissent aussi leur fortune par des mariages d'intérêt, au sein de leur classe évidemment. Les sentiments doivent s'incliner face à la réalité sociale. Chez les familles de tisserands la perte d'un membre de la famille met en danger le fragile équilibre financier de subsistance, il faut vite compenser l'absent; le remariage devient obligatoire.

Rien de vraiment surprenant dans ce pavé pour qui a déjà lu un Follett. La construction est routinière, prévisible. Pour autant, l'auteur sait comment rendre attachant ses personnages. Au fil des pages le lecteur suit de façon de plus en plus prenante les déboires et les réussites de Sal, fileuse, mère de famille courageuse, ou de Spade, marchand que sa religion fait attentif au sort des autres.

L'ouvrage se lit donc rapidement en dépit de sa taille. Comparativement aux épisodes précédents, l'arrière-fond historique semble peu développé. Follett reste volontairement axé sur les maîtres et ouvriers de Kingsbridge, il ne détaille pas vraiment la période, mis à part l'élaboration d'une loi criminalisant l'activité syndicale (à partir de la réunion de deux ouvriers…) et un chapitre consacré à la bataille de Waterloo (un peu inutile à mon avis).

Ce contexte historique un peu limité fait de ce livre le moins réussi de la série Kingsbridge, mais il reste un bon moment de lecture.

PS : une énorme bourde historique (de Follett et / ou des traducteurs) m'a consterné : la partie III s'ouvre page 337 en 1799, et on trouve en page 339 "une coalition composée de la Grande-Bretagne, de la Russie, de l'Empire Ottoman et du royaume de Naples attaquait l'Empire français". Or l'Empire napoléonien commence en 1804, cinq ans plus tard...
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