AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fandol


Fandol
25 décembre 2020
Alma, le vent se lève, quelle histoire extraordinaire où le merveilleux côtoie le plus sordide, le plus abject des commerces : celui des êtres humains !
Tout au long des pages de beau livre à la si belle couverture grâce aux dessins de François Place, j'ai été happé, captivé par le roman de Timothée de Fombelle qui débute au coeur de l'Afrique où Alma et sa famille vivent heureux, coupés du monde par une vallée encaissée pleine d'épineux empêchant tout passage. Mais à chaque saison des pluies, la vallée se remplit d'eau et…
Avec Alma qui a treize ans, j'ai d'abord rencontré son petit frère, Lam, qui a trois ans de moins. Ils ont apprivoisé un zèbre sans rayures : Brouillard, que Lam, instruit par sa soeur, fait galoper. Ils ont un grand frère, Soum, qui ne parle pas et des parents. Nao, leur mère et Mosi, leur père. Il faut préciser que, dans la langue oko, celle du peuple de Nao, Alma veut dire libre.
Il y a vingt-et-un ans, Mosi et Nao étaient deux fugitifs s'installant dans cette vallée isolée qu'ils ont nommée Isaya. Leur maison est en haut d'un arbre avec, tout autour, des oiseaux-mouches, les okos.
Hélas, cette vie paradisiaque ne dure pas car, l'attrait de l'inconnu est plus fort que toutes les consignes de prudence répétées par Mosi. À ce moment-là, l'histoire admirablement contée par Timothée de Fombelle, bascule dans le drame, l'horreur, la concupiscence, l'appât du gain, le mépris de la vie humaine.
Dans Alma, le vent se lève, j'ai lu une extraordinaire histoire de l'esclavage, plutôt de la chasse aux captifs, assurée par des hommes de certaines tribus motivés par des cadeaux de pacotille et quelques armes. Ils sont tous Noirs mais ce sont les Blancs, les Européens - Français, Anglais, Néerlandais… - qui commandent et exigent cette chasse aux humains, une des plus grandes hontes de l'humanité.
Captifs, enchaînés, malmenés, mal nourris, maltraités, ces colonnes d'hommes, de femmes et d'enfants sont acheminés jusqu'à la côte où les attend une épreuve encore plus dure, la traversée jusqu'aux Caraïbes ou en Louisiane. Marqués au fer rouge, fers aux pieds, ils sont entassés à bord et j'ai frémi à chaque page en lisant toutes ces horreurs.
Pendant ce temps, à La Rochelle, un riche armateur tente de continuer à mener à bien ce commerce triangulaire mais doit affronter une soif toujours plus grande pour l'or et la fortune de la part de ses associés.
Sur La Douce Amélie, le trois-mâts commandé par l'infâme et rusé capitaine Gardel, la traversée s'engage mais je ne peux donner davantage de détails sans divulgâcher la lecture de ce roman dit « Jeunesse » que je recommande à tous les adultes car je me suis RÉ-GA-LÉ !
Ah oui ! Je précise que ce bateau destiné au trafic le plus honteux de tous, porte le prénom de la fille de Monsieur Bassac, l'armateur.
Qu'il est dur de devoir s'arrêter là car l'histoire se poursuivra avec deux tomes à venir. le prochain, Alma, L'enchanteuse, paraîtra en 2021.
Je ne dois pas oublier enfin les superbes planches qui jalonnent le récit. Elles sont dessinées par Francois Place, dans des tons de gris, tout en finesse. Elles permettent d'imaginer, de visualiser aussi certaines scènes, une aide précieuse pour les lecteurs les plus jeunes. Je remercie On Lit Plus Fort et Gallimard Jeunesse qui m'ont permis cette belle découverte dans le cadre du Tour du monde littéraire.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          1375



Ont apprécié cette critique (122)voir plus




{* *}