Citations sur A dos d'oiseau (16)
ET S'IL PLEUT CETTE NUIT
Le vent passe à grands coups de vagues dans les roses.
Il rebrousse les eaux, les plumes, le sommeil,
Et les chats assoupis, sur leurs métamorphoses
Sentent l’aube et l’odeur de la mer au réveil.
Il pleut sur le printemps, sur tout, sur les étoiles.
Ne crois-tu pas la nuit qu’il pleut depuis toujours
Quand sur ces vieux chevaux maigres, boiteux et sourds
J’entends jurer sans bruit les cochers de l’averse.
C'EST LE JOLI PRINTEMPS
C'est le joli printemps
Qui fait sortir les filles,
C'est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
J'y vais à la fontaine,
C'est le joli printemps,
Trouver celle qui m'aime,
Celle que j'aime tant.
C'est dans le mois d'avril
Qu'on promet pour longtemps,
C'est le joli printemps,
Qui fait sortir les filles,
La fille et le galant,
Pour danser le quadrille.
C'est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
Aussi, profitez-en,
Jeunes gens, jeunes filles;
C'est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
Car le joli printemps,
C'est le temps d'une aiguille.
Car le joli printemps
Ne dure pas longtemps.
Roses, rochers, murmures,
Où donc est votre loi ?
Où donc est votre loi,
Poissons de ma mémoire,
Qui filez plus brillants
Qu'une poignée de sel ?
SOURCES
Robes à rayures d’oiseaux,
Robes à ramages d’ombres, de feuilles,
Des robes vertes et noires vous habillent, sources.
...
Sources, œil de la terre pris sous l’herbe des cils,
Pour noyer dans le soir vos araignées d’argent,
Engloutir ces villages et ces champs de nuages,
Sources, le vent laboure les prairies fraîches du ciel,
Puis un astre, un soleil éternel
Calme, à la bonne langue chaude
Il s’étire, il s’avance, il rôde…
Sources des moissonneurs, soleil cycle des sources,
Vos regards m’apaisent, m’emportent, m’abandonnent
En silence, comme un baiser de coup de foudre.
Air de ronde
On dansa la ronde,
Mais le roi pleura.
Il pleurait sur une
Qui n’était pas là.
On chanta la messe,
Mais le roi pleura.
Il pleurait pour une
Qui n’était pas là
Au clair de la lune,
Le roi se tua,
Se tua pour une
Qui n’était pas là.
Oui, sous les fougères
J’ai vu tout cela,
Avec ma bergère
Qui n’était pas là.
D'AMOUR ET D'AVENTURE
— Arbres, cavaliers arbres dont la tête heurte les vents,
Il passe au galop sous vos ombres vertes
Celui que mon cœur appelle souvent.
Je l'attends depuis des siècles aux fenêtres
Où les araignées tissent dans le vent.
Amour éternelle, belle amour manquée,
Amour éternelle, amour éternelle,
il passe au galop — il n'arrête pas
Les pas du cheval pour me voir sourire
Quand, depuis des siècles, je lui tends les bras.
Douceur de sentir qu'il ne m'aime pas.
Pur lui, je peigne mes cheveux,
Pour lui, je peins mes yeux sous le regard des astres,
Mes bons amis silencieux.
La Reine à sa tour a moins de tourment
Ne voyant pas revenir le régiment son beau roi en tête.
Beau roi de carreau, beau roi de carreau,
Mon cœur est à vous depuis des années,
A vous. Prenez-moi sous votre manteau,
Puis emportez-moi au fond des années
Où dorment les reines des vieilles chansons,
Des vieilles chansons, des amours fanées,
Des amours fanées, mais sans trahisons,
— Car je vous attends depuis des années ;
Vous dormez au fond des vieilles chansons,
Des vieilles chansons, des amours fanées…
MA MAISON
Maison, ô ma maison, bucolique de roses
Tes briques de rubis et tes longs ciels mouillés,
Nous avons tant rêvé sous tes métamorphoses,
Sous la pluie, sous les cris des girouettes rouillées.
Tant rêvé dans le vide immense des greniers…
Nous te retrouverons peut-être dans le ciel
Avec notre chat noir, avec les deux chats gris,
Avec quatre souris effarées au soleil,
Avec notre grand-père endormi sur le feu,
Avec notre grand-mère alerte dans ses veilles.
Maison, ô ma maison, roulée dans le vent bleu,
Les écluses du vent coulent sur ton sommeil.
Maison, je t’ai montrée à celle que j’aimais,
Et tu l’as accueillie de tout ton cher silence.
Maison, ô ma maison, tu nous écoutes rire,
Dis ma mère, autrefois, nous sentais-tu pleurer ?
Que nous t’avons aimée au temps de nos vacances,
Tes tiroirs secrets pleins de petits éléphants,
D’hirondelles rayant ton ombre et ton silence.
Les tournesols flambaient dans le soir étouffant.
Tu dormais près du calme immense des forêts,
Moi, dans mon petit lit, je rêvais sous tes ailes
Ou parfois j’écoutais les crapauds qui chantaient ;
Puis, ivre de douceur, le sommeil m’emportait
Et je sentais mourir leur musique immortelle.
(Silences sur le toit – 1930)
IMPOSSIBLE ESSOR
Vers une pureté
Impossible et secrète,
J'ai beau chercher ma route
Dans un désert d'orgueil.p193
....
C’EST LE JOLI PRINTEMPS
C’est le joli printemps
Qui fait sortir les filles,
C’est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
J’y vais à la fontaine,
C’est le joli printemps,
Trouver celle que j’aime,
Celle que j’aime tant.
C’est dans le mois d’avril
Qu’on promet pour longtemps.
C’est le joli printemps
Qui fait sortir les filles.
La fille et le galant,
Pour danser le quadrille.
C’est le joli printemps
Qui fait briller le temps.
Car le joli printemps,
C’est le temps d’une aiguille.
Car le joli printemps
Ne dure pas longtemps.
(Chansons de la grande hune – 1939)
CHANSON D’HEUREUX MARIAGE
Extrait 2
Nous achèterons un âne
Ni long, ni rond : un pousse-cailloux
Pour promener notre femme
Sur la route de Charroux.
Avec la musette
Les soirs seront doux.
Même si nous portons des cornes,
Nous ne serons point jaloux.
Ça pousse quand on s’amuse
Au son de la cornemuse.
Avec la musette
C’est toujours la fête.
…