AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JeanOtto


Forcément, l'idée de base est originale. Et voilà qu'une pilule magique vous assure la jeunesse éternelle en gommant les rides. Un monde sans ride, mais oui, des visages d'octogénaires lisses comme une pomme, des peaux de bébé ad vitam eternam plaquées sur votre tronche, de quoi remuer nos caprices de juvénilité. Que demande le peuple ?

Mais avec ça, seul hic, les gens deviennent encore plus cons, d'admirables pétochards incompétents dans la gestion de prise de risque. La peur parano de se tuer ou de se fracturer en tombant. Un escalier, une pente, pas touche, n'importe quel dénivelé se mue en un malfaisant ennemi face auquel même les "vrais" jeunes ont développé une peur panique. L'anticipation du danger devient un dada ordinaire.

Sophie Fontanel convoque, il me semble, la raisonnable idée que la rareté fait la valeur. Que nous flattons-nous d'un épiderme ferme, de courbes toniques quand toute la volaille de tous les continents, c'est même combat ? Admira, l'héroïne du roman, elle, a échappé à la pilule magique en vivant retirée du monde. de jolis sillons parcourent la peau de la vétéran. Fatalement, quand le monde entier la découvre, sa cote grimpe. Elle devient une icône. Les rides, c'est cool finalement.

L'autrice ébauche une réflexion sur la vieillesse, sur l'inamovible et décourageant âgisme enraciné dans notre société, ce désir absurde d'échapper, toujours vainement, à la prise du temps sur notre corps. Et pourquoi ne pas ancrer plutôt notre valeur sur la sagesse et aimer nos aspérités, témoins de nos vécus ?

Alors oui, j'ai trouvé ça mignon mais quelque peu timide. La plume est rafraîchissante, on ne s'éternise pas dans les descriptions, c'est bleu, les piqûres du soleil irisent l'océan infini, on sent le vent de la mer, les bourrasques fraîches, l'iode qui vient piquer nos lèvres. Tout ça est très agréable, j'en conviens, j'avais l'impression de jouer dans mon monde de polly pocket comme quand j'étais gamine, un lecteur non assidu y trouve son compte. Mais l'intrigue manque d'épaisseur, sans tout à fait s'essouffler, on est à ça de tourner court.
Puis j'aurais aimé que l'écrivaine aille plus loin dans sa critique, laquelle me semble trop voilée. Quid du double standard de beauté entre un homme et une femme ? Quid de l'invisibilisation des femmes passées 40 ans ? le curseur aurait pu être placé beaucoup, beaucoup plus loin, c'est dommage. Sans doute Fontanel n'a pas voulu d'un livre trop clivant, d'un machin encombrant étiquetté féministe.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}