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Critique de EtiennePinat


Le premier roman de Florian Forestier est une belle réussite. L'actualité du propos et l'humour très présent où été largement soulignés dans les autres critiques.
Ce qui l'a moins été, c'est la qualité du style de l'auteur qui relève souvent de la prose poétique.
En effet, l'auteur a déjà publié en 2008 « La boîte », poésie, préfacé par le philosophe disparu récemment Jean-Luc Nancy, et un ensemble de poèmes en 2010 dans l'importante revue des éditions Verdier, « le Diable probablement ».
Le texte d'ouverture, lente description à la première personne de ce que vit Daniel, le personnage principal du roman, au fond du gouffre dans lequel il est tombé, laisse le lecteur attentif découvrir un rare souci de la musicalité de la langue, par tout un jeu d'allitérations et d'assonances qui tiennent du poème en prose. Ainsi des « masses bleues béantes, le soir déjà agité d'étoiles, sa lumière qui coule sur moi », et « là-haut, les lueurs qui tremblent et se démultiplient en cercles éclatants », ou encore le « j'ai battu des bras dans le blanc », où ce rythme de sonorités qui reviennent de manières régulières font sentir un battement qui est comme le battement cardiaque de Daniel, le rythme de son pouls. Plus loin, l'auteur use de métaphores hautement poétiques, telles ces « écharpes glacées qui boivent l'obscurité » pour communiquer l'expérience mi-confuse/mi-lucide qui est celle du personnage cloué au sol au fond du gouffre, contemplant le ciel. L'auteur décrit, et on reconnaît là sa formation de phénoménologue, cela a été dit, mais la description est poétique, et peut évoquer les descriptions de paysages d'un Philippe Jaccottet. Ainsi de ces mots qui concluent l'ouverture du livre : « Après, il n'y a plus eu que la brume, le plat désert du glacier, çà et là troué d'ombres noires et de rocs. le blanc, puis le noir, et maintenant le bleu ».
Prosateur, le romancier n'en maîtrise pas moins le vers, et d'authentiques vers poétiques se cachent dans la prose. Nous n'en citerons qu'un, qui ouvre un chapitre du début du roman, un parfait alexandrin avec hémistiche et mesures de trois syllabes, pour dire une fois de plus ce qui apparaît par le recours à la métaphore poétique : « La nuit a étouffé la flambée des couleurs ».
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