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Critique de Takalirsa


Une ode à la vie, entre Italie et Bretagne.
Chiara, qui a été élevée dans le culte d'un père décédé avant sa naissance (« l'absent magnifique »), apprend lors d'un règlement de compte entre sa mère et sa marraine que « mon père mythique n'est peut-être pas mon père biologique ». La jeune femme quitte alors sa Rome natale pour débarquer sur l'île de Groix dans le Morbihan : un sacré dépaysement ! du coup le texte mêle références italiennes et patois breton dans un joyeux melting-pot. Les Groisillons constituent une petite communauté très attachée à ses racines et ses traditions et l'on apprend plein d'anecdotes et de légendes sur leur culture.

Embauchée comme factrice remplaçante, Chiara parcourt l'île à la découverte de ses habitants, s'immergeant dans cette « oasis de paix au milieu du chaos » si loin de sa vie romaine. Pour certains, « la poste est le seul lien avec le continent » et l'on redécouvre à ses côtés un métier méconnu qui conserve toute sa valeur sociale dans ce milieu insulaire. Certes l'héroïne cherche l'identité de son père, mais l'intrigue va bien au-delà : il y est avant tout question des relations familiales au sens large (de sang comme d'affinités), de ces liens qui unissent les gens de manière souvent inattendue. le terme revient d'ailleurs souvent dans le texte (« Je crée du lien, j'apporte des nouvelles, je suis la vie. », « Tu es liée au caillou, que tu le veuilles ou non. », etc.). La quête de Chiara est jalonnée de rencontres qui vont bouleverser sa vision de la famille, elle qui a grandi avec un père fantôme et une mère distante fuyant tout contact (au sens propre comme au figuré), mais également sa vie.

En parallèle on suit l'histoire de Charles (« comme Baudelaire ») et d'un certain Louis (« comme Aragon »), ce qui apporte un mystère supplémentaire : qui sont-ils ? Quel est leur rôle dans l'histoire ? Ainsi l'auteur nous embarque dans une farandole de portraits hétéroclites et pourtant les parcours, les émotions, les interrogations se font écho à travers les époques et les lieux. « A quoi ça sert un père ? » A quoi ça sert de remuer le passé ? Ne vaut-il mieux pas profiter des vivants, de l'instant ? « Enivrez-vous », disait le célèbre poète, « Enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise. »... L'écriture est souvent imagée (j'ai beaucoup aimé la personnification des boîtes aux lettres!), passionnée dans ses descriptions, riche en évocations littéraires, dynamique dans son expression, ce qui rend cette quête de soi fluide et agréable à lire.
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