Dés que vous laisser une brosse à dents chez la personne avec qui vous couchez, vous aussi, vous habitez là. La brosse à dents personnelle est la clé qui vous autorise à vous approprier un mug dans sa collection et un endroit où abandonner vos fringues par terre dans sa chambre.
Il n’y a pas d’ « après le meurtre ». On ne peut pas raisonner un meurtre ; on ne peut pas négocier avec ni le manipuler.
La colère est primitive. Inscrite dans notre ADN.
Il n’y a pas de lieu au-delà de la colère. Tout le monde est en colère à des degrés variés. Les nonnes sont en colère contre les pêcheurs. Les instituteurs de maternelle sont en colère contre le gouvernement.
Elle était devenue plus réservée, avec des attitudes plus calculées. Elle avait cultivé une apparence timide et douce. Elle avait étouffé la « trop grande confiance en elle-même » dont elle avait fait preuve durant les entretiens à l’Académie. Elle avait si bien compris ses propres dysfonctionnements qu’elle était tombée amoureuse de leur science.
Devenir psy pour la police lui avait permis de se rapprocher autant que possible de son vieux rêve de combattre le crime, de côtoyer des gens vraiment dangereux – pas juste des poseurs –, à la fois dans son travail et au-dehors. Pour ce boulot-là, elle avait réussi tous les entretiens haut la main. Mais rester assise jour après jour dans un fauteuil en cuir sous les fenêtres donnant sur la ville, à recoller les morceaux de flics brisés, n’avait en rien amélioré son narcissisme.
On ne parle pas à un homme dans ses moments de faiblesse.
C’est toujours très présent entre nous, le fait qu’Eden pourrait, à n’importe quel moment et à très juste titre, décider que me tuer est la meilleure chose à faire pour assurer son avenir.
La plupart du temps, les tueurs qui ont honte de ce qu’ils ont fait recroquevillent le corps sur le côté pour évoquer un sommeil paisible. Ou ils le retournent afin de dissimuler son visage et ses blessures dans l’herbe.
Un assassin en colère, une personne capable de ce genre de brutalité, connaît généralement la victime. C’est dur d’être aussi agressif, aussi violent, avec un ou une inconnue. Les blessures au visage, en particulier, sont souvent personnelles.
Ce n’est jamais très glamour, une scène de crime. D’après ce qui restait de son corps, je supposais que la victime avait été une belle femme. De longues jambes musclées dans des collants en Nylon violets déchirés, un top assorti, une manche d’un blouson vert pendue au bras gauche. Pas de chaussures. Des chaussettes de sport.