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Critique de SZRAMOWO


Mark et Sasha ont un point commun. Ils souffrent tous les deux de la perte d'un être cher. La mère de Sasha a quitté le foyer conjugal laissant Sasha seule avec son père Bill, elle n'avait que 6 ans. Mark a perdu son frère jumeau Simon emporté par une leucémie foudroyante. Il avait 17 ans.
Au cours d'une soirée mémorable, qu'ils doivent à leurs amis Adam et Becky, ils échangent sur leurs malheurs respectifs comme ils ne l'ont jamais fait avec personne. Est-ce suffisant pour décider de vivre ensemble ? Ils le pensent, en dépit de l'opposition des parents de Mark et de l'indifférence de Bill le père de Sasha.
Sasha est médecin légiste. Mark, cuisinier dans un restaurant, rêve d'ouvrir sa propre affaire, un restaurant bio.
Le couple connait les affres de la vie à deux. le désir d'enfant leur permet de passer outre ces vicissitudes.
« Mais ce qui a suivi, c'est huit ans d'infertilité qui nous ont pris de court. Deux fausses couches. Tous les tests connus de la médecine occidentale ont révélé que le problème venait de moi – mes ovocytes, mon endométriose. le sperme de Mark était impeccable. Nous avons essayé toutes les interventions médicales possibles, à part la FIV, que Mark refusait. Nous avons épuisé notre stock d'espoir. Non seulement j'étais accablée, mais j'avais déçu l'homme que j'aimais en n'étant pas capable de lui donner ce qu'il désirait le plus. »
« Jusqu'à ce qu'enfin, voilà : notre grossesse miracle. Et un mariage qui ne s'était pas tout à fait remis des années d'infertilité, malgré nos visites chez une conseillère conjugale. Peut-être que si l'attente n'avait pas duré tant d'années, je n'aurais pas envisagé de demander à Mark une séparation à l'essai, juste avant de m'apercevoir que j'étais enceinte. Mais rien de cela ne comptait plus. Tout irait mieux entre nous une fois que ce bébé serait né. »
Le roman commence alors. Un accident de voiture contraint Sasha à subir une césarienne. Son bébé est prématuré. Elle ne se rappelle de rien et le doute commence à la ronger. Et si Toby n'était pas son bébé ? Elle a le tort de s'en ouvrir à son entourage.
Mark et ses parents, Bill, les médecins, les infirmières les autres mères, sont unanimes. La fameuse « dépression post-partum » explique l'attitude de Sasha. Ils se mettent à lui parler comme à une personne diminuée, privée de ses capacités mentales. Elle se rebiffe, puis en vient même à douter, puis à simuler un accord pour obtenir des marges de manoeuvre. Seule son amie Becky la soutient dans sa conviction et sa volonté de faire éclater ce qu'elle considère comme la vérité.
Tout au long du récit trois questions hantent le lecteur, que va-t-il se passer maintenant ? Jusqu'où cela peut-il aller ? Comment l'histoire va-t-elle se terminer ?
Susi Fox décrit admirablement le milieu médical hospitalier et ses certitudes pouvant aller jusqu'au déni et à la remise en cause de la santé mentale de ceux qui contestent ses décisions ou se contentent simplement de poser une question non autorisée.
Le récit alterne entre 7 chapitres au présent, du jour 1, samedi au jour 7 vendredi et des chapitres donnant la parole à Mark et à Sasha qui évoquent des épisodes de leurs vies passées.
Cette façon de faire donne du rythme au récit, facilite l'identification du lecteur à Sasha, et le fait entrer progressivement dans le passé des deux personnages principaux pour partager leurs doutes, leurs espoirs et leurs renoncements.
Au fur et à mesure de la découverte d'événements du passé, le lecteur va de surprise en surprise, comme Sasha.
Un premier roman décoiffant qui réussit à rénover avec talent le thème de l'échange d'enfants à la maternité. Un manifeste contre la toute-puissance du corps médical et la chosification et l'infantilisation des patients.
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